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Libération

FO : Pavageau sur un siège éjectable

publié le 15 octobre 2018 à 19h56

Cette semaine pourrait bien être décisive pour l'avenir de Pascal Pavageau à la tête de Force ouvrière (FO). Elu secrétaire général du syndicat le 27 avril, il est déjà poussé vers la sortie après une affaire de fichage qui fait désordre. Le Canard enchaîné a révélé la semaine dernière l'existence d'un fichier interne répertoriant 126 cadres du syndicat et rédigé par des proches de Pavageau au moment où celui-ci faisait campagne pour prendre la direction de FO. A côté des noms de certains fichés figureraient des commentaires douteux : «ordure», «collabo», «mauvais», «niais», «complètement dingue», «trop intelligent pour entrer au bureau confédéral» ou encore «détourne de l'argent»… La vie amoureuse ainsi que l'orientation sexuelle ou les opinions politiques des dirigeants des unions départementales et des fédérations y seraient aussi mentionnées.

Pavageau n'a pas nié l'existence de ce fichier : «Pour moi, c'était un mémo, de l'ordre de la prise de notes, mais je n'avais jamais vu ni avalisé le résultat, qui est truffé d'âneries, de raccourcis.» Pour autant, la faute ne serait pas sienne, mais celle d'une de ses deux collaboratrices proches pour lesquelles il aurait prononcé quelques jours de mise à pied.

Sa réaction rapide n'a pas suffi à calmer les cadres de l'organisation. Vendredi, sur France Inter, Frédéric Homez, secrétaire général de la puissante fédération de la métallurgie de FO, a assuré : «Il doit rendre des comptes. La meilleure solution, c'est qu'il prenne de lui-même la décision de démissionner.» Un discours tenu aussi en interne, peu avant le début de la traditionnelle réunion hebdomadaire du bureau confédéral qui devait se tenir lundi. La plupart des cadres joints par Libération reconnaissaient attendre de voir «comment la situation [allait] évoluer» mais ils souhaitaient aussi que Pavageau prenne ses responsabilités.

Une autre réunion, cruciale et plus élargie, de la commission exécutive confédérale de FO, qui réunit 35 membres, doit se tenir ce mercredi. Elle pourrait sceller le sort de Pavageau. Reportée par le secrétaire général au 29 octobre, selon les Echos, elle pourrait tout de même se tenir «sans Pavageau s'il le faut», selon une autre source FO interrogée par l'AFP. «La grande majorité des membres va demander sa démission», assure-t-elle, «probablement dès mercredi». Des proches ont indiqué que Pavageau était actuellement en «arrêt maladie»… Mais lundi, les patrons des fédérations de la métallurgie et de l'enseignement se sont fendus d'une déclaration commune pour exiger le maintien de la réunion de mercredi.