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Avec Franck Riester, la politique fait son retour à la Culture

Formé au sarkozysme triomphant et passé au macronisme «constructif», le député de Seine-et-Marne, spécialistes des questions audiovisuelles, remplace Françoise Nyssen rue de Valois.
Franck Riester en septembre 2015. (Photo Albert Facelly pour Libération)
publié le 16 octobre 2018 à 11h02

La parenthèse de la société civile se referme au ministère de la Culture. A la place de Françoise Nyssen, s’installe un pur politique en la personne de Franck Riester, sorte d’antithèse de l’ancienne éditrice. Député de Seine-et-Marne depuis 2007, maire de Coulommiers entre 2008 et 2017 (où il a succédé à Guy Drut), le nouveau locataire de la rue de Valois a déjà une longue expérience de la chose publique, qui le passionne depuis l’adolescence. Un portrait de Libé, publié en 2012, racontait que le jeune Riester, «à chaque repas de fête, pren[ait] en otage oncles et tantes à qui il impos[ait] la lecture d’une lettre sur l’état de la France». Avec lui, les maladresses de communication et les difficultés à tenir les rapports de force au sein de l’exécutif devraient être moins nombreuses au ministère.

Riester a fait son trou en politique à l'UMP, puis à LR, au moment où Nicolas Sarkozy occupait l'Elysée. A l'origine proche de Jean-François Copé, l'un des barons de la droite en Seine-et-Marne, l'homme a pris ses distances avec le parti dirigé désormais par Laurent Wauquiez, dont il a été exclu. A l'Assemblée nationale, il était jusqu'à présent inscrit au sein du groupe UDI-Agir, ces «constructifs» venus du centre et de la droite et prêts à soutenir Emmanuel Macron. Riester n'a jamais approuvé la stratégie de «droitisation» de LR. Avec sa première famille politique, les liens ont commencé à se distendre lorsque le jeune élu a soutenu, presque seul, le mariage homosexuel voulu par François Hollande. Homosexuel, il a été l'un des premiers, à droite, à faire son coming out en 2011.

Diplômé d’une école de commerce, celui qui a exercé dans le privé comme consultant est également chef d’entreprise. Il a repris la société familiale de concessions automobiles Peugeot – dont il n’assure pas la gestion quotidienne. Son arrivée à la Culture, où il aura aussi la charge des dossiers médias et communication, n’est pas une surprise. L’homme, qui a usé ses pantalons sur les bancs de la commission des affaires culturelles de l’Assemblée, se prépare depuis dix ans à cette mission. Rapporteur des projets de loi Hadopi 1 et 2 sous Sarkozy, il a été l’un des artisans de la création de l’autorité antipiratage – un thème de nouveau très en vogue dans la galaxie macronienne. Il est aussi le coauteur d’un rapport, publié en 2011, sur la création musicale préconisant la mise en place d’un centre national dédié.

Membre de la commission Copé sur l’audiovisuel public en 2008-2009, Riester a réussi à devenir le spécialiste du sujet au sein de la droite. Un atout décisif pour sa nomination, alors que le gouvernement planifie, pour 2019, une réforme de la régulation audiovisuelle. Il y a quelques mois, il défendait les idées d’une suppression quasi-totale de la publicité sur France Télévisions (hors événements sportifs) et d’un rapprochement de structures entre la télé publique et Radio France. Des propositions qu’il reprendra en tant que ministre ?