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Didier Guillaume, repêché à l'Agriculture

L'ancien président du groupe socialiste au Sénat, hollandais devenu macronien, remplace un ancien camarade, Stéphane Travert, rue de Varenne.
Didier Guillaume, nouveau ministre de l'Agriculture, en octobre 2014 au Sénat. (Photo Sébastien Calvet)
publié le 16 octobre 2018 à 12h33

Le retraité reprend de l'activité. Le 16 janvier, l'ancien président du groupe socialiste au Sénat tirait sa révérence sur sa page Facebook : «J'ai décidé de quitter la vie politique, écrivait Didier Guillaume. Cette décision est mûrement réfléchie. Mon parcours illustre la cohérence entre mon discours et mes actes. J'ai toujours pensé, et dit, qu'il existait une vie avant et après la politique. Même si j'ai aimé passionnément chaque mandat, je ne me suis jamais accroché trop longtemps à des fonctions.» Il faut croire que les «fonctions» lui manquaient : voilà l'ancien vice-président du Sénat qui, à 59 ans, reprend du service pour servir Emmanuel Macron et Edouard Philippe à l'Agriculture.

Pressenti ces derniers jours pour la Cohésion des territoires ou les Relations avec le Parlement, celui qui a été neuf ans maire de Bourg-de-Péage avant de présider onze ans le département de la Drôme aurait pu faire valoir ses connaissances territoriales et ses (bonnes) relations avec des élus de tous bords côtoyés sur les bancs du Sénat pour apaiser les tensions avec les collectivités. Lundi, après les inondations qui ont dévasté une partie de l’Aude, le Drômois était l’un des premiers, sur les réseaux sociaux, à apporter son soutien aux habitants du département.

Après son «retrait» officiel de la vie politique, Didier Guillaume aurait dû partir présider le comité d'organisation de la Coupe du monde de rugby organisée par la France en 2023. Problème, la fonction était uniquement «représentative», donc non rémunérée… Du coup, en mai, il a renoncé au poste et récupéré in extremis son mandat de sénateur. Il avait toutefois quitté le groupe socialiste pour rejoindre celui regroupant radicaux et centristes, plutôt favorables à l'action du gouvernement Philippe. Etiqueté «hollandais» avant de partir diriger la malheureuse campagne de Manuel Valls pour la primaire socialiste de 2017, Didier Guillaume entre donc à l'Agriculture. Une petite revanche sur celui qui, en hollandie, lorgnait la place occupée pendant cinq ans par le fidèle de l'ex-président, Stéphane Le Foll. «Il leur manque un ou deux politiques pour parler au moins en matinale, servir de relais politico-médiatique solide à défaut d'être sexy. Pour le coup, Didier sait un peu faire», remarque un ancien conseiller ministériel socialiste.

Didier Guillaume succède rue de Varenne à un autre ex-camarade socialiste, macronien de la première heure : Stéphane Travert. En revanche, question modèle agricole, Guillaume ne devrait pas changer grand-chose. Si, du temps où il dirigeait le conseil général de la Drôme, il affichait sur son stand les produits «bio» de son département, il ne s'est jamais distingué chez les socialistes comme un grand partisan de la conversion écolo et des alternatives au glyphosate… D'ailleurs, la FNSEA ne s'y trompe pas : le puissant syndicat agricole a rapidement «félicité» le nouveau ministre pour sa nomination, saluant un «élu rural et familier du monde agricole» et l'appelant «à inscrire sa mission sous le signe de l'action et du pragmatisme».