Les perquisitions ne sont jamais agréables et laissent ceux qui les subissent avec un sentiment d’intrusion pénible. Rien d’étonnant, donc, à ce que Jean-Luc Mélenchon, dans son style habituel et torrentiel, vitupère contre une opération policière d’une telle étendue, menée dès potron-minet dans une dizaine de lieux simultanément. Rien d’étonnant non plus à entendre le patron de La France insoumise s’offusquer que la justice puisse mettre en cause les financements de sa campagne, alors que la commission spécialisée les avait préalablement validés. Mais si l’on prend un peu de recul, il faut bien dire que la réaction des leaders de La France insoumise est pour l’essentiel outrancière et peu légitime. Au fil des années, la justice s’est intéressée non au seul Mélenchon, mais successivement au Modem de François Bayrou, au Rassemblement national (RN, ex-FN), et auparavant à François Fillon et à Nicolas Sarkozy, sans parler des perquisitions naguère effectuées au Parti socialiste. Nul traitement particulier dans ces enquêtes, qui ont malheureusement touché tous les partis. A chaque fois ou presque, d’ailleurs, les intéressés ont crié à l’acharnement judiciaire, à l’opération politique, à la manœuvre de bas étage, alors que les juges faisaient seulement leur travail. Tactique habituelle des responsables soudain mis sous le projecteur des enquêtes. Les applaudissements adressés par le RN à Jean-Luc Mélenchon à l’Assemblée sont à cet égard très éloquents. Les enquêteurs soupçonnent des surfacturations : il faut bien les confirmer ou les infirmer. Mais là où la limite est franchie, c’est quand des députés de la nation font entrave, par le nombre et les décibels, à une enquête judiciaire parfaitement légale. Dès lors que la procédure régulière est respectée, les élus - seraient-ils insoumis - doivent comprendre que la loi s’applique à tout le monde, député ou citoyen…
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