Le renforcement du Modem, avec l’entrée de Marc Fesneau au gouvernement, l’attribution d’un grand ministère à Jacqueline Gourault et l’arrivée d’un des confondateurs d’Agir, Franck Riester (ex-LR touché par la grâce macroniste), redonnent du poids aux centristes. Surtout que ceux-ci pourraient s’avérer être des partenaires indispensables dans la prochaine bataille des élections européennes.
La numéro 2 du mouvement, Marielle de Sarnez, présidente de la commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale, s'est évidemment félicitée, au lendemain de ce remaniement, «de ce renforcement du poids du Modem, qui vient rééquilibrer le gouvernement et traduit le sens du vote des Français au second tour de l'élection présidentielle». Mais surtout, celle qui a siégé pendant dix-huit ans au Parlement européen considère que, «pour cette élection historique, bien entendu, il va falloir une liste qui rassemble très largement. Et il est possible de voir naître un rassemblement à l'occasion de cette élection. Il faut une capacité d'élargissement à droite comme à gauche. Et l'entrée de Didier Guillaume est un signe envoyé de l'autre côté à ceux qui partagent avec nous cette même vision de l'Europe».
Marginaliser les extrêmes
L'idée n'est pas nouvelle. Elle avait été évoquée par Alain Juppé en novembre. L'ancien Premier ministre avait alors parlé «d'axe central». Il avait trouvé «peu de choses à redire» au discours du président de la République à la Sorbonne sur l'Europe, s'était prononcé pour la création d'une «grande force centrale» ralliant la droite humaniste et la gauche réformatrice pour défendre l'Union européenne. Aussitôt, le Modem avait applaudi. L'UDI ne s'y était pas montré hostile. L'idée était que les proeuropéens marginalisent les extrêmes et mettent en difficulté ceux qui n'ont pas encore une ligne très claire, comme LR et le PS.
Aujourd’hui, la donne a un peu changé. L’UDI, par la voix de son président Jean-Christophe Lagarde, a annoncé qu’il envisageait de présenter une liste à ce scrutin sous ses propres couleurs. Afin de défendre ses convictions européennes, mais aussi pour faire connaître leur parti, confiné dans une relative indifférence des électeurs.
Cénacle des juppéistes
Au sein de LR, où Wauquiez a repoussé la présentation du projet européen à la fin de l’année, ses adversaires et les tenants d’une ligne beaucoup plus européenne ont également envisagé de faire liste à part si jamais leur parti s’orientait sur une ligne vraiment eurosceptique. Avec, selon eux, la possibilité de réaliser un bon score face à une liste qui apparaîtra comme celle du président de la République en pleine chute de popularité.
Pour le moment, le cénacle des juppéistes n’a rien tranché, attendant de voir comment la situation évolue dans leur camp et dans celui de l’exécutif. Dans la course aux européennes, l’attelage LREM-Modem-Agir offre, pour le moment, l’image la plus cohérente face aux insoumis et au Rassemblement national. Au risque de repousser une partie de l’électorat vers ces deux partis. Autant en raison de leurs désillusions face à l’Europe que pour leur mécontentement face à l’action gouvernementale.