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Schisme

Budget : contre l'avis du gouvernement, des marcheurs réclament des gestes envers les retraités

Certains parlementaires de la majorité ont déposé des amendements pour corriger les effets de la hausse de la CSG, en 2018, qui touche aussi les retraités.
A Paris, le 18 octobre 2018, des personnes âgées manifestaient contre le projet de réforme des retraites. (Photo Denis Allard pour Libération)
publié le 19 octobre 2018 à 15h50

Apparemment l'«effort» que le gouvernement a choisi de consacrer dans le prochain budget pour «corriger» les effets de la hausse de CSG chez certains retraités ne suffit pas. Certes le Premier ministre Edouard Philippe a annoncé mi-septembre que plus de «300 000 foyers» allaient chaque année pouvoir rester au taux réduit de CSG (3,8 %) et éviter le passage au taux normal (8,3 % depuis le 1er janvier 2018, soit 1,7 point d'augmentation). Mais certains députés La République en marche en veulent plus pour renouer le fil avec les aînés de leurs circonscriptions.

«Nous sommes nombreux à recevoir dans nos permanences des retraités pour qui cette augmentation crée un creusement des inégalités, une plus grande fragilité, davantage de vulnérabilité», écrivent 21 parlementaires LREM dans un amendement au projet de loi de financement de la Sécurité sociale. Le texte a été adopté mardi soir en commission des Affaires sociales. Contre l'avis du gouvernement et du rapporteur général, Olivier Véran, ce qui détone avec les habitudes au sein d'une majorité policée. «Malgré le dégrèvement progressif de la taxe d'habitation, cette augmentation de la CSG pour les retraités les plus modestes n'est pas compensée et impacte le pouvoir d'achat des retraités», poursuivent ces députés aux faux airs de «frondeurs» même s'il n'y a aucune chance que cet amendement soit adopté en séance publique la semaine prochaine sauf énorme surprise.

«Super» taux de 9,2 %

Concrètement, les députés marcheurs proposent «d'introduire plus de progressivité dans les taux de CSG». Au lieu des trois taux actuels (0 %, 3,8 % et 8,3 %), leur amendement en crée deux supplémentaires : l'un à 6,6 % (soit le taux de CSG normal pour les retraités en vigueur avant le 1er janvier 2018) pour les personnes touchant des pensions entre 1 200 et 1 600 euros par mois, et un autre à 9,2 % pour les retraités les plus aisés qui ont des revenus supérieurs à 3 000 euros par mois. Pour eux, «50 % des retraités les plus modestes retrouveront le taux de CSG antérieur à 2018 alors que seulement environ 10 % des retraités les plus aisés verront cet effort supplémentaire de 0,9 point de hausse». Les parlementaires précisent au passage que ce «super» taux de 9,2 % n'est autre que le taux appliqué aux revenus des actifs.

Le gouvernement et la direction de la majorité ne comptent pas chercher un compromis sur le sujet. La garantie donnée par le gouvernement pour que, chaque année, plus de 300 000 foyers restent au taux réduit de CSG leur suffit. L'exécutif a en revanche fait un pas vers une autre partie du groupe LREM à l'Assemblée qui souhaitait, elle, rétablir la demi-part fiscale accordée aux veufs et aux veuves. Cette fois, ils sont 81 députés, menés par celui de la Vienne, Sacha Houlié, à proposer d'instaurer une «assurance-veuvage» pour «une durée maximale» de cinq ans et réservée aux personnes modestes (2 000 euros par mois).

Dans un premier temps, refus catégorique du gouvernement de rétablir en partie cette mesure supprimée par le gouvernement Fillon pour des raisons budgétaires en 2008. «Pour nos finances publiques, aujourd'hui, [ce] n'est pas soutenable», avait prévenu, jeudi, le ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire. Mais en échange d'un retrait de cet amendement Houlié, l'exécutif a consenti à faire adopter jeudi soir une prolongation du dispositif mis en place par les socialistes en 2014 pour amoindrir les effets de la suppression de la demi-part sur les veufs et les veuves. Ces derniers continueront donc de bénéficier d'une exonération de taxe d'habitation et d'un dégrèvement de la contribution à l'audiovisuel public. Mais ce, seulement pour 2018.