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Libération

Matthieu Orphelin : «On a loupé une occasion [contre l’huile de palme].»

Matthieu Orphelin, député LREM proche de Nicolas Hulot, à Libé
publié le 19 octobre 2018 à 20h36

Mardi, une vidéo datant de l'été dernier avait été exhumée par nos confrères des Jours dans laquelle la nouvelle secrétaire d'Etat à l'Ecologie, Emmanuelle Wargon, évoquait la nécessité d'utiliser de l'huile de palme dans la composition des laits infantiles. Jeudi soir, les députés, suivant l'avis du ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin, ont repoussé des amendements visant à sortir cette huile, responsable majeure de la déforestation, d'un avantage fiscal prévu pour l'ensemble des biocarburants. La mesure avait pourtant été approuvée, la semaine dernière, en commission du développement durable et en commission des finances. En séance, elle avait été reprise par des élus LREM, Modem, LFI, PS, UDI-Agir et du dernier-né des groupes parlementaires, «Libertés et territoires».

«L'importation d'huile de palme comme biocarburant est déjà anachronique. Mais maintenir cette exonération fiscale, c'est une aberration», regrette Matthieu Orphelin (LREM). Sa collègue de la majorité Laurianne Rossi a plaidé pour «la suppression d'une niche fiscale qui pourrait générer des crédits» susceptibles d'être alloués «à des actions plus vertueuses». Dans la même veine, le Modem Bruno Millienne a suggéré qu'on laisse «nos filières d'oléagineux fournir ce qu'il faut à Total pour produire ses biocarburants».

Les échanges ont tourné autour de la bioraffinerie du géant pétrolier à La Mède, qui carbure depuis cet été à l'huile de palme. Darmanin a brandi la menace d'une «difficulté sociale». Plusieurs députés ont tenté de retourner l'argument des risques pesant sur l'emploi. Pour le socialiste Jean-Louis Bricout, «au nom de Total on sacrifie la filière betterave-sucre». «J'ai un peu de mal à concevoir qu'on va donner à Total la primeur par rapport à nos filières françaises», a abondé Bruno Millienne. «Il n'y a pas d'un côté un gouvernement qui défendrait un intérêt privé et, de l'autre, des parlementaires qui seraient dans l'écologie la plus pure», a ironisé Darmanin. Le ministre a renvoyé aux discussions entre le Parlement européen et les Etats de l'UE qui prévoient une élimination de l'huile de palme dans les biocarburants à horizon 2030.