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Circulation

Berges de Seine : la victoire en marchant

Après le jugement du tribunal administratif validant la piétonnisation de la rive droite, Anne Hidalgo a remercié les Parisiens qui se sont approprié le lieu et empêché un retour en arrière. Les opposants cherchent maintenant la réplique.
Sur les berges rives droites, le 26 mars 2017. (Photo Ludovic Marin. AFP)
publié le 25 octobre 2018 à 18h28

Voilà, c’est fait. Sur plus de 3 kilomètres, les berges de Seine sur la rive droite sont désormais réservées à la promenade. Saisi par les adversaires de la mesure, le tribunal administratif de Paris a validé l’arrêté du 6 mars 2018 qui justifiait la piétonnisation par la nécessité de préserver ce patrimoine inscrit à l’inventaire mondial de l’Unesco. Les adversaires peuvent certes se pourvoir en cassation, mais leurs chances de voir cette décision de première instance invalidée sont faibles. Le risque du ridicule, en revanche…

Depuis 2016, date de la fermeture des berges rive droite au trafic automobile, le succès de fréquentation de ce nouvel espace public ne s'est pas démenti. Qu'ils soient à pied, à vélo ou juchés sur l'un des innombrables engins électriques de déplacement individuel, les visiteurs ont envahi l'asphalte. Anne Hidalgo, la maire de Paris, a publié ce jeudi sur Twitter, une vidéo dans laquelle elle a donné acte aux Parisiens de leur soutien par l'occupation des lieux : si les berges sont «dé-fi-ni-ti-vement libérées des voitures, c'est grâce à vous. En faisant vivre ce lieu dès l'instant où nous l'avons ouvert, vous avez rendu tout retour en arrière impossible».

Vieilles pierres et air pur

Sévèrement malmenée par les épisodes de l’échec du Vélib puis de l’arrêt d’Autolib, l’édile de Paris sera sans doute soulagée par l’avalanche de tweets et de communiqués enthousiastes, venant en particulier des associations de défense de l’environnement. La semaine avait pourtant mal commencé, avec un arrêt de la cour administrative d’appel qui invalidait un premier arrêté, pris sur la base de l’impact de la circulation automobile sur la qualité de l’air. Impact mal évalué, avaient estimé les juges. Sur la préservation du patrimoine, en revanche, rien à dire. Les vieilles pierres au service de l’air pur ? Pourquoi pas…

C'est donc par une manœuvre latérale que la mairie de Paris est parvenue à ses fins. Face à ce résultat archi-populaire, l'opposition tentait dès ce jeudi de trouver sous quel angle repartir à l'attaque. «Le débat sur l'ouverture des berges est clos, mais celui sur la circulation reste ouvert», a réagi Eric Azière, président du groupe Modem-UDI. «Fermeture des voies sur berges : l'attractivité économique de Paris doit être remise au cœur des préoccupations !» s'est exclamé le Medef Paris. «Aménagement des berges rive droite : n'y a-t-il pas quelques leçons à tirer de ces cafouillages ?» a perfidement interrogé Pierre-Yves Bournazel, député ex-LR. Quant au groupe LR du conseil de Paris, il a communiqué sur l'urgence de «réduire la pollution dans les zones habitées» (comprendre sur le quai haut).

Tout à la joie du moment, Emmanuel Grégoire, premier adjoint, a appelé les Parisiens à fêter ça en se rendant le soir même à 18 heures sur les berges. Comme il fait beau, ils l’auraient fait tout seuls.