«Ça vous plaît le bus gratuit ?» Dans celui qui la ramène mardi à la gare de Dunkerque, Anne Hidalgo, la maire PS de Paris, sonde deux adolescentes. «Oui ! C'est génial», se marrent-elles. «Justement, je suis venue ici pour m'inspirer de cet exemple et faire pareil à Paris», poursuit l'édile. Depuis le 1er septembre, on voyage sans payer sur les dix-sept lignes de bus de l'agglomération dunkerquoise. C'était une promesse phare de Patrice Vergriete, le maire divers gauche, élu en 2014. Faire pareil à Paris, ce serait donc rendre les bus, mais aussi les trams, les RER et les métros gratuits pour tous les Franciliens. Depuis mars, Hidalgo fait travailler son équipe sur le sujet. La maire attend pour décembre les conclusions d'une étude supervisée par Emmanuel Grégoire, son premier adjoint. Il remplace Bruno Julliard, qui a récemment claqué la porte en dénonçant notamment «l'opportunisme» de son ex-patronne et de sa «proposition de gratuité totale des transports, alors qu'il faudrait réaliser des investissements colossaux nécessaires au développement des réseaux». Hidalgo, elle, se défend «de faire de l'idéologie» et assure que «le débat n'est pas tranché». «Il faut poser les avantages et les inconvénients» pour «redonner du pouvoir d'achat» aux Parisiens et Parisiennes, dont «70 % d'entre eux sont éligibles aux logements sociaux» et réduire l'usage de la voiture, argue-t-elle.
Dans le Dunkerquois, les bornes pour valider son ticket ont disparu et, avec elles, 4,5 millions d'euros de recettes annuelles. Soit 10 % du financement du réseau. Une paille comparée aux 3,3 milliards d'euros rapportés par les ventes de billets et de forfaits en Ile-de-France, ce qui couvre 28 % des dépenses pour faire rouler les transports de la région, présidée par Valérie Pécresse. L'élue LR est opposée au «tout gratuit», dont elle chiffre le coût à «500 euros d'augmentation des impôts par ménage en Ile-de-France». De son côté, «l'agglomération de Dunkerque a un budget de 70 millions pour la voirie, les déchets et aussi les transports», rappelle le maire de la ville, qui défend «un choix de politique publique», inédit en Europe pour une collectivité de plus de 200 000 habitants. Réplicable à Paris ?