Menu
Libération
À chaud

Tempête Adrian: la Corse toute retournée

L'heure est au bilan sur l'île de Beauté après le passage de vents qui ont soufflé jusqu'à 230 km/h. Si aucune perte humaine n'est à déplorer, les dégâts sont importants.
Une vague s'écrase sur un camion à Bastia, le 29 octobre 2018. (Photo Yannick GRAZIANI. AFP)
publié le 30 octobre 2018 à 10h07

Après le passage de la tempête Adrian, la Corse se réveille ce matin avec la gueule de bois. Les vents violents se sont calmés, la pluie a cessé de tomber dru et le soleil a même commencé à faire son apparition; l’alerte rouge a été levée depuis peu et l’heure est au bilan.

Du nord au sud de l’île, aucune microrégion n’a été épargnée par cette tempête d’une ardeur exceptionnelle. Jamais la Corse n’avait connu un tel épisode météorologique: vents allant jusqu’à 230 km/h, pluies diluviennes et concentrées, hausse du niveau de la mer, vagues submersives.

S'il faudra du temps pour que les dégâts soient précisément établis et chiffrés, la préfète de région, Josiane Chevalier, a d'ores et déjà annoncé qu'ils étaient «significatifs».

Sur le plan humain, aucun décès n’est pour l’instant à déplorer mais un homme a été sérieusement blessé dans la nuit à Monticello, en Balagne. Percuté par un portail, il a été évacué en état d’urgence vers l’hôpital de Calvi.

Au port de Cargèse, village de bord de mer situé à une cinquantaine de kilomètres au nord d'Ajaccio, deux touristes britanniques, un père et son fils, ont frôlé la catastrophe. «Ils avaient mal amarré le catamaran sur lequel ils dormaient, explique le gérant d'une compagnie de promenade en mer de la commune. Evidemment, [les amarres] ont lâché et le bateau a été emporté par la mer avant qu'ils puissent se mettre en sécurité. Les pompiers ont dû se jeter à l'eau en pleine nuit, au milieu des gravats drainés par les vagues pour aller récupérer les deux plaisanciers.» Les deux Britanniques ont pu être secourus à temps et relogés par la mairie dans un hôtel du village, choqués mais en vie.

Navires jetés dans les rochers

Fait rarissime sur ce petit port: des vagues particulièrement violentes ont sauté la digue nord et ont détruits les cabanons de pêcheurs et emporté plusieurs bateaux, pourtant sortis de l’eau par prudence en début de journée. A Ajaccio, de nombreux navires ont également été jetés dans les rochers par des vagues.

Pendant plus de vingt-quatre heures, l’île a été littéralement coupée du monde. Les ports et aéroports ont été fermés, le trafic ferroviaire interrompu et les transports publics ont été stoppés pendant toute la journée. Des minitornades ont causé de nombreux dégâts matériels sur la Plaine orientale et dans l’extrême sud de l’île. Quatre véhicules d’intervention des sapeurs-pompiers d’Aléria ont été mis hors service et la caserne elle-même a été détériorée par les vents violents. Plusieurs campings et résidences ont dû être évacués pour cause d’inondations à Porto-Vecchio, Folelli et au nord d’Ajaccio.

Pour faire face à la situation, la préfecture de région a pris un arrêté inédit en Corse, demandant aux employeurs de laisser leurs salariés partir à compter de 15 heures et demandant aux commerces de fermer leurs portes dès 17 heures. Toutes les demi-heures, la présentatrice des flashs info spéciaux de France Bleu répétait le même message aux auditeurs: «Rentrez chez vous. Et restez-y.» Elle a visiblement été entendue: en fin de journée, les rues des deux plus grandes villes de l'île étaient désertes et de rares voitures circulaient encore.

Ce matin, les choses reviennent peu à peu à la normale, mais plusieurs routes secondaires sont toujours coupées, encombrées par des chutes d’arbres. Et 21 000 foyers sont toujours privés d’électricité.