L'urgence est de gagner du temps. A l'issue d'une réunion tenue ce mercredi, au ministère des Finances, toutes les parties prenantes concernées par l'avenir du fabricant d'acier Ascoval ont envoyé une série de signaux positifs sans pour autant parler de solution ou d'engagement ferme. Le ministre Bruno Le Maire a qualifié l'offre de reprise formulée par l'entreprise Altifort de «sérieuse». Le cabinet de consultants Roland Berger considère même cette piste est «soutenable» et le repreneur lui-même indique à Libération «qu'il va tout mettre en œuvre pour y arriver».
Seul hic, le plan de financement n’est pas encore bouclé. Pour reprendre de manière viable la société Ascoval et ses 281 salariés, il faut mettre 180 millions d’euros sur la table estiment d’une même voix l’Etat et le cabinet Roland Berger. Or pour le moment, le compte n’y est pas.
Altifort va donc augmenter son apport en fonds propres qui pourrait atteindre 30 millions d’euros. L’Etat s’est engagé à fournir la même somme. Les collectivités locales concernées au premier chef par la poursuite de l’activité de cette aciérie sont partantes pour 22 millions d’euros et les stocks de l’entreprise seraient évalués à 15 millions d’euros. Reste, au bas mot, une grosse cinquantaine de millions à trouver. Bart Gruyaert, le directeur général d’Altifort va donc faire le tour des banques pour les trouver. Contrairement à ce que laisse entendre le ministère de l’Economie, il ne compte pas solliciter des fonds d’investissement pour l’accompagner dans cette opération.
En attendant l’arrivée de ces indispensables prêts bancaires, un nouveau délai va être demandé au tribunal de grande instance de Strasbourg, qui doit normalement se prononcer sur l’avenir d’Ascoval le 7 novembre. Compte tenu du caractère sensible et de l’écho médiatique pris cette affaire, les juges devraient accepter de remettre leur décision à une date ultérieure. D’autant que le devenir d’Ascoval est désormais indissociable de l’action gouvernementale en faveur de l’industrie, au moment où Emmanuel Macron se prépare à entamer un long déplacement dans 11 départements de l’Hexagone.