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Du prix de l'essence aux "Simpson", vos questions, nos réponses.

Depuis un an, Libération met à disposition de ses lecteurs un site, CheckNews, où les internautes sont invités à poser leurs questions à une équipe de journalistes. Notre promesse : «Vous demandez, nous vérifions.» A ce jour, notre équipe a déjà répondu à plus de 2 300 questions.
publié le 2 novembre 2018 à 21h06

40 % des Français favorables à un régime autoritaire ?

C'est ce qu'ont martelé plusieurs médias à partir d'un sondage commandé par Ouest-France à l'Institut français de l'opinion publique (Ifop). «Quatre Français sur dix prêts à un "pouvoir autoritaire pour réformer le pays en profondeur"», affirmait par exemple Europe 1. Un titre effrayant, mais un peu hâtif. Car comme souvent dans les sondages, la réponse dépend fortement de la manière dont est posée la question. Celle posée par l'Ifop est à la fois très longue, très complexe et un peu tendancieuse. La voici : «Certains pensent que la France doit se réformer en profondeur pour éviter le déclin mais qu'aucun homme politique élu au suffrage universel ne disposera plus du pouvoir nécessaire pour mener à bien ces réformes et que dans ce cadre, il faudrait que la direction du pays soit confiée à un pouvoir politique autoritaire, quitte à alléger les mécanismes de contrôle démocratique s'exerçant sur le gouvernement. Etes-vous tout à fait d'accord, plutôt d'accord, plutôt pas d'accord ou pas du tout d'accord avec cette opinion ?» La question insiste largement sur les raisons qui justifieraient une telle évolution (une «France proche du déclin», une «nécessité de réforme») et explique que le choix de confier le pays à un pouvoir autoritaire ne reviendrait qu'à «alléger les mécanismes démocratiques». On s'étonne donc un peu moins des réponses. Luc Peillon

Prix de l’essence : la faute au pétrole ?

De nombreux appels ont été lancés en faveur d’un blocage des routes le 17 novembre pour protester contre la hausse des prix du carburant. Le litre de diesel a notamment atteint des records ces dernières semaines.

Sur Radio Classique, le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, a essayé de dégonfler cette colère, affirmant que 80 % de la hausse était liée à l’augmentation du prix du pétrole. Et insistant donc sur le fait que l’augmentation de la fiscalité n’était que marginale. L’affirmation est-elle fondée ? Tout dépend de quelle période on parle.

En un an, le litre du sans plomb 95 est passé en moyenne en France de 1,343 euro (20 octobre 2017) à 1,556 euro (19 octobre 2018). Soit une hausse de 21,3 centimes (15 %). Le litre de diesel est lui passé sur la même période de 1,235 euro à 1,523. Soit une augmentation de 29 centimes (23,3 %). Quelle est la part de la fiscalité dans cette hausse ? La fiscalité sur le carburant repose sur deux piliers. La taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE), qui est fixe. Et la TVA (20 %), qui s’applique au produit hors taxe, mais aussi au montant de la TICPE.

C'est la TICPE que le gouvernement a décidé d'augmenter. Au 1er janvier 2018, la taxe a ainsi progressé de 6,33 centimes par litre pour le gazole, et de 3,22 centimes par litre pour le SP 95. Mais la TVA (20 %) s'appliquant au produit de la TICPE, cette hausse se traduit aussi mécaniquement par celle de la TVA. Au total, l'augmentation de la fiscalité sur les carburants au 1er janvier s'est traduite par une hausse de 7,6 centimes par litre pour le gazole, et de 3,9 centimes par litre pour le sans plomb 95.

Si on met en rapport cette hausse avec la progression du prix depuis un an, on arrive à ce résultat : le litre de gazole est environ 29 centimes plus cher. Sur ce total, l'augmentation de la TICPE représente 7,6 centimes. Soit un gros quart (26 %). Concernant le sans plomb, la hausse annuelle a été de 21,3 centimes. Sur ce total, 3,9 centimes sont dus à la hausse de la TICPE. Soit un peu moins de 20 %. Il est donc exact de dire que, sur un an, l'augmentation des taxes n'a été qu'un facteur secondaire de la flambée des prix à la pompe. La principale raison de l'augmentation tient à l'accroissement du prix du carburant hors taxe, elle-même liée à la hausse du prix du pétrole. Cédric Mathiot

Mélenchon avait-il déjà reconnu être franc-maçon ?

Le conseil de l'ordre du Grand Orient de France, première obédience maçonnique française, a demandé à sa justice interne la suspension temporaire de Jean-Luc Mélenchon, en raison de son comportement lors des récentes perquisitions qui ont eu lieu à son domicile. L'information a été révélée par un blog de l'Express, apprenant à de nombreux lecteurs que le leader insoumis était membre de la loge.

Plusieurs lecteurs ont demandé à CheckNews si son appartenance aux francs-maçons était connue. La réponse est oui. Pendant de nombreuses années, Mélenchon a refusé de s'exprimer publiquement sur la question, invoquant des «convictions personnelles» n'ayant pas à être rendues publiques. C'est en 2012, dans la biographie Mélenchon le plébéien, écrite par Lilian Alemagna (Libération) et Stéphane Alliès (Mediapart), que l'ancien socialiste a évoqué le sujet pour la première fois.

«J'y suis entré en 1983», déclare-t-il aux auteurs du livre, qui lui demandent s'il est membre du Grand Orient de France. Jean-Luc Mélenchon est depuis resté membre de la franc-maçonnerie. «C'est une aventure assez lointaine. Je n'ai jamais eu le temps d'y aller deux fois par mois. Mais j'y suis resté fidèle, je donne ma cotisation», dit-il alors. Robin Andraca

Apu, l’épicier indien des «Simpson», victime de la lutte contre les préjugés racistes ?

La nouvelle a créé l'émoi chez les fans des Simpson. Le personnage d'Apu, le célèbre épicier indien du dessin animé, sera sacrifié sur l'autel de la lutte contre les préjugés racistes. C'est ce que de nombreux médias affirment. Peut-être un peu vite.

Ce qui est sûr, c'est qu'une polémique, bien réelle, s'est fait jour après les accusations de racisme lancées contre le personnage par le comédien Hari Kondabolu. Dans le documentaire le Problème avec Apu, Kondabolu pointe les clichés véhiculés par Apu, célèbre pour son accent indien à couper au couteau. De l'aveu des producteurs de la série, Apu ne devait pas devenir un personnage important. Mais c'est l'accent que lui prête Hank Azaria, qui le double, qui convainc les producteurs hilares de le garder. Dans plusieurs interviews citées par Konabolu dans le film, on peut voir qu'Azaria est conscient de jouer un personnage stéréotypé et jugé choquant par les Sud-Asiatiques. Jacques Pezet

Dans une séquence, le doubleur dit s'être inspiré du personnage de Peter Sellers dans The Party (où l'acteur blanc joue le rôle d'un acteur indien gaffeur) pour trouver l'accent d'Apu, et qu'il a ensuite appris que ce film était jugé raciste par les personnes d'origine indienne. Les auteurs des Simpson ont répondu à ces critiques en avril. Dans l'épisode 15 de la vingt-neuvième saison, un personnage évoque le «politiquement correct», au moment où apparaît une photo d'Apu dans un cadre.

La séquence n'a fait que relancer la polémique. Celle-ci a à nouveau rebondi, quand le producteur de cinéma indo-américain Adi Shankar a affirmé dans une interview accordée à Indiewire : «J'ai des nouvelles décourageantes qui me viennent de multiples sources : ils vont abandonner le personnage d'Apu, purement et simplement. Sans justifier quoi que ce soit, ils vont juste l'enlever pour échapper à la polémique.» C'est de là qu'est venue la rumeur qui a été relayée dans de nombreux médias. Lesquels n'ont visiblement pas vu que le scénariste des Simpson, Al Jean, était intervenu sur Twitter pour infirmer toute disparition d'Apu : «Ce n'est pas vrai.» Jacques Pezet

Carrefour a-t-il financé le Brésilien Jair Bolsonaro?

Jair Bolsonaro, le nouveau président d’extrême droite du Brésil, a-t-il été financé par Carrefour ? L’information a circulé sur les réseaux sociaux. C’est un très gros raccourci, lié au fait qu’un des actionnaires brésiliens du géant de la grande distribution, Abilio Diniz, a fait des dons en faveur de candidats du Parti social-libéral (PSL) de Bolsonaro, pour les élections générales.

Diniz, qui siège au conseil d'administration du géant de la grande distribution français, possède 7,86 % des actions du groupe Carrefour, selon le rapport 2017 de l'entreprise. Sa fortune est estimée à 2,7 milliards de dollars (2,37 millions d'euros) selon Forbes. L'homme d'affaire a donné 1,2 million de reais (285 000 euros) dans le cadre des élections générales. Et parmi les candidats bénéficiaires de ses largesses, le site Bastamag a remarqué la présence de deux membres du parti d'extrême droite de Bolsonaro, à Rio et São Paulo. Ils ont chacun bénéficié de 50 000 reais (près de 12 000 euros) de la part de Diniz. Toutefois, ces dons à deux candidats du PSL ne représentent que 8,33 % de l'ensemble des sommes versées par Abilio Diniz. Au total, le milliardaire a donné à 19 candidats de 11 partis. Les candidats du Parti social-démocratique (PSD) ont obtenu près de 80 000 euros, ceux du MDB de l'ex-président Temer et du Partido Novo environ 60 000 euros. Enfin, les candidats de Démocrates ont reçu environ 30 000 euros de donations. Difficile de résumer ça en disant que Carrefour a financé Bolsonaro. Fabien Leboucq