La plus jeune de la bande : Diana Filippova, 32 ans, née à Moscou, se présente comme «chef d'entreprise et écrivain, spécialiste des questions technologiques». L'ancienne employée Microsoft est cofondatrice du think thank OuiShare et de Stroïka, une «agence de propagande» : «Nous concevons des stratégies éditoriales, d'influence et de mobilisation.» Lors de notre rencontre, elle admet qu'elle s'est toujours tenue à l'écart des élus et des partis. «J'ai du mal à me dire que je fais de la politique», dit-elle. En parallèle de Place publique, qu'elle coprésidera avec Jo Spiegel, Diana Filippova mène un autre combat plus personnel : retrouver celui qui a volé son vélo, «qui était très bien attaché» dimanche soir à Paris.
Il est le visage médiatique de l'équipe. A quelques mois des européennes, l'essayiste a été approché par les écologistes et le mouvement de Benoît Hamon pour figurer sur leur liste. Après une petite hésitation, il a décliné les offres. Raphaël Glucksmann a préféré l'aventure avec ses «potes» non encartés politiquement. Il se dit «joyeux» comme un gamin qui déballe ses jouets le soir de Noël. Il prévient : le mouvement ne tournera pas autour de lui, il souhaite que d'autres personnes émergent. Le lancement de Place publique tombe à pic : il est en pleine promo. Son dernier livre, les Enfants du vide, cartonne en librairie. Des centaines de personnes se déplacent à chacune de ses dédicaces.
Elle dort très peu. Deux ou trois heures par nuit maximum. Une acharnée. Claire Nouvian, 44 ans, a grandi en Algérie, à Paris et à Hongkong. En 2004, elle fonde l'association Bloom, initialement pour lutter contre la pêche en eaux profondes. Au terme d'une campagne tenace, elle a obtenu en 2016 l'interdiction du chalutage en eaux profondes. Elle a été récompensée par de nombreux prix, notamment le prix Goldman pour l'environnement, «le Nobel» de l'écologie. Elle se lance dans le mouvement Place publique, mais elle dit souhaiter garder sa «liberté». Claire Nouvian ne s'imagine pas candidate aux élections : pas son «truc», assure-t-elle.
Jo Spiegel est l'un des seuls à avoir un mandat politique. Prof d'EPS à la retraite, «ancien recordman d'Alsace du 800 mètres», le maire de Kingersheim (Haut-Rhin) a longtemps été adhérent au PS. Il a claqué la porte en 2015. Depuis une vingtaine d'années, il mène le même combat : pour la démocratie. Il pourrait parler des heures du rôle du citoyen et du rapport au pouvoir des élus. Jo Spiegel a également initié, avec l'agglomération mulhousienne, un des premiers plans «climat» en France. Lui qui coprésidera le mouvement avec Diana Filippova (lire ci-dessous), prévient : «Nous ne serons jamais dans la posture politicienne. Il faut mettre de l'utopie, de l'indignation et de l'engagement.»
Thomas Porcher, 41 ans, est un économiste qui gravite autour de la gauche depuis quelques années (lire son portrait dans notre édition du 5 novembre). Il a travaillé avec l'écologiste Cécile Duflot avant de voter Jean-Luc Mélenchon à la dernière présidentielle. On tombe souvent sur sa tête à la télé, invité à débattre. Il aime ça, se «friter» avec les «libéraux». Thomas Porcher écrit également. Son Traité d'économie hérétique, paru en mars chez Fayard, vient d'atteindre les 18 000 exemplaires vendus pour sa dixième réimpression. L'ancien champion de karaté n'ose pas encore le dire : le docteur en économie, membre des Economistes atterrés depuis 2016, se verrait bien candidat aux européennes.