C’était l’appel du 17 juillet : cet été, Emmanuel Macron avait reçu 100 entreprises pour les convaincre de se mobiliser pour les banlieues. Ce mardi, des Américains ont officialisé leur intervention : à Pantin (Seine-Saint-Denis), la banque JP Morgan a annoncé un investissement de 30 millions de dollars (26 millions d’euros) sur cinq ans dans le département, à des fins de formation, d’insertion et d’emploi. A la tribune, les mécènes ont évoqué le passé (leur engagement en France dès la Première Guerre mondiale au travers de bénévoles auprès de blessés), le présent (un département en grande difficulté, avec un taux de chômage de 28,8 % chez les 15-24 ans), et l’avenir, qui se raconte aussi en lingots d’or : le Grand Paris Express (avec l’accent américain) et les JO de 2024.
Invitée, Muriel Pénicaud, la ministre du Travail, a insisté sur les bienfaits de «l'alliance» : l'Etat ne pouvant pas tout faire économiquement parlant, il doit compter sur le secteur privé et associatif - sa réponse partielle à la question «les Américains ne font-ils pas le travail des pouvoirs publics ?». Au vrai, tout le monde s'était accordé sur une jolie notice : si l'on réduit les inégalités, ça fera plus d'argent pour les démunis, qui, en gagnant du pouvoir d'achat, feront le bonheur de ceux qui n'en manqueront jamais. Rendez-vous quand même dans cinq ans.
Depuis les révoltes urbaines de 2005, les Etats-Unis, au travers d’entreprises, de diplomates, de philanthropes et de relais français sur le terrain s’intéressent de près à la Seine-Saint-Denis - et plus largement à la banlieue parisienne -, qu’ils considèrent comme un laboratoire bâti en forme de boomerang. En substance : il s’y passe des choses, que les différents gouvernements français n’arrivent pas encore à saisir, en bon comme en mauvais, et que les autorités se prennent ponctuellement sur le coin de la figure.
En mars dernier, une richissime artiste californienne a décidé de sauver un petit club de quartier à Bobigny après avoir croisé un militant originaire du coin lors d’un séminaire en Irlande. Et de temps à autre, c’est l’ambassade américaine qui rince et qui pousse plus loin que la petite couronne. Comme quand elle participe à une distribution de cadeaux, à Noël, pour les démunis à Mantes-la-Jolie (Yvelines). Aux portes de la Normandie.