Pour des raisons de sécurité (risques incendie, évacuation, etc.), la ville de Lyon a signé mardi un arrêté de fermeture administrative du Pavillon noir, QG du groupuscule d'extrême droite radicale Bastion social, implanté dans l'ouest de la ville. «L'état des locaux compromet gravement la sécurité du public et fait obstacle au maintien de l'exploitation de cet établissement», fait savoir Jean-Yves Sécheresse, adjoint au maire délégué à la sécurité. C'est la troisième fermeture administrative pour ces extrémistes lyonnais depuis 2011. Si leur bail court toujours au 73, quai Pierre-Scize, le bar associatif des anciens du GUD ne peut plus accueillir de personnes extérieures, ni avoir plus de 19 adhérents entre ses murs, selon la mairie.
«Ces groupuscules font de la politique par des activités de sociabilité. C'est une manière de mener ce qu'ils appellent le combat culturel», analyse Caterina Froio, spécialiste des extrémismes. Sans local, plus de conférences entre «nationalistes révolutionnaires» ou d'actions sociales pour «Français de souche» . Bloqué dans son rayonnement, le groupuscule pourrait mettre la clé sous la porte. Sur les quais de Saône, les habitants trépignent. «J'attends leur départ le plus rapidement possible», confie un résident qui tient à rester anonyme.
«Le quartier avait besoin de retrouver sa dignité», souffle Philippe Carry. Figure incontournable du Vieux-Lyon, cet horloger est devenu le meneur de la lutte contre les mouvements radicaux implantés dans le quartier Saint-Paul. «On espère que des mesures seront prises aussi pour les locaux de Génération identitaire à côté», insiste-t-il. Sentant le vent tourner, le Bastion social a organisé une ultime démonstration de force, en défilant dans le quartier pour dénoncer les provocations des antifas, le 12 octobre. Le même jour, 74 députés de la majorité avaient envoyé une lettre au gouvernement pour réclamer la dissolution du groupe. Selon un député signataire, les services du Premier ministre se réuniront dans les prochains jours pour y répondre.