Monaco-Bruges : 0-4. Déroute enregistrée mardi soir en ligue des champions. Concomittement, la justice monégasque aura au contraire marqué bien d’autres points : garde à vue suivie d’une inculpation de Dimitri Rybolovlev, patron emblématique de l’ASM, ploutocrate russe planqué sur le Rocher, mais aussi de quelques oligarques locaux, à commencer par Philippe Narmino, équivalent d’un Premier ministre, des membres de sa famille étant également placés en garde à vue. Ou encore d’anciens policiers monégasques plus soucieux d’arrondir leurs fins de mois que d’assurer la morale publique. De ce point de vue là, on frôlait mercredi soir le 5-0. Car au-delà de Rybolovlev en personne, toute une série de copinages au plus haut niveau est désormais en cause.
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Il n’est pas question de football, mais de trafic d’influence sur fond(s) d’achat-vente de toiles de maitres, Rybololovlev les achetant-revendant comme de vulgaires footballeurs. Sous prétexte d’acquisitions surcotées, le Russe avait porté plainte contre son marchand de tableaux, le suisse Yves Bouvier, qui selon lui l’aurait arnaqué. Illico, la justice monagasque s’était mise à son service, au risque de passer pour servile. Bilan : arrestation puis garde à vue de Bouvier.
Copinage outrancier
Puis, changement complet de direction, la justice monégasque, manifestement soucieuse de se refaire une virginité, veut refaire le match. Outre Dimitri Rybololvev, elle poursuit son avocate, Tetiana Bershada, pour ses SMS de complaisance avec des enquêteurs monégasques - «chère Tetiana, merci pour ce moment, à demain, amitiés», «merci à vous pour avoir partagé avec moi vos expériences exceptionnelles»… Un copinage outrancier élargi à l'entourage de Philippe Narmino, équivalent local d'un garde des Sceaux ou d'un Premier ministre, poursuivi via deux de ses enfants, comme s'il y aurait renvoi indirect d'ascenceur.
Manifestement, le prince Albert, qui depuis quelque temps évite de se rendre au stade Louis II, a entrepris de faire le ménage, en une principauté où la séparation des pouvoirs n'est pas la vertu cardinale. Le fait que Dmitri Rybolovlev fut promené menottes aux mains dans les rues de Monaco – comme plusieurs témoins l'ont attesté à Libération – a plus que valeur de symbole.