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Récit

Carburants : le gouvernement mise sur la baisse du prix du baril pour désamorcer la colère

Bruno Le Maire et François de Rugy ont assuré avoir «reçu l’engagement» des compagnies pétrolières et des distributeurs d’une répercussion de la baisse des cours du pétrole, «au jour le jour», sur les prix à la pompe.
Bruno Le Maire et François de Rugy à Paris, jeudi. (Photo Marc Chaumeil pour Libération)
publié le 8 novembre 2018 à 19h11

Comment le gouvernement va-t-il se sortir du pétrin de la hausse des carburants qui a déclenché un sévère mouvement de colère chez les automobilistes français ? En profitant, déjà, de l'embellie sur les marchés mondiaux (le cours du baril de brent a chuté ces derniers jours, fluctuant autour de 62 euros) pour faire pression sur toute une filière. Après avoir réuni ce jeudi après-midi à Bercy les représentants des compagnies pétrolières, des distributeurs et des petites stations-service en zone rurales, Bruno Le Maire a annoncé à la presse avoir reçu «l'engagement» de ces derniers de «répercuter la baisse des prix du pétrole au jour le jour sur les prix à la pompe».

Mobilisation

Le ministre de l'Economie et des Finances, accompagné de son collègue François de Rugy, a appelé tous les acteurs de la filière à «réduire leurs marges au maximum». Le ministre de la Transition écologique et solidaire a rappelé lui que Total s'était déjà engagé à baisser ses carburants de 3 centimes d'euro, soulignant au passage que «l'augmentation de la taxe sur les carburants [par le gouvernement, ndlr], c'est 3 centimes».

Pour le coup, les automobilistes seront, ce week-end, très attentifs aux tableaux d'affichage situés à l'entrée des stations. Pour autant, à neuf jours de la mobilisation du 17 novembre contre la hausse du prix des carburants, le gouvernement ne peut pas parier sur des cours durablement à la baisse. «Les prix du pétrole resteront élevés dans les mois […] et dans les années qui viennent, a mis en garde Le Maire. Tous ceux qui tablent sur une baisse des prix du baril sont irresponsables.»

En mode «opération vérité», Rugy en a profité pour lister les mesures déjà prises par le gouvernement depuis deux ans pour «accompagner» les Français dans la sortie de «cette dépendance au tout pétrole» : prime à la conversion élargie aux véhicules d'occasion pour s'acheter une voiture «moins chère, plus accessible, qui pollue moins donc qui consomme moins», a insisté le successeur de Nicolas Hulot à l'hôtel de Roquelaure, et généralisation en 2018 puis augmentation de 50 euros prévue en 2019 du chèque énergie. «Nous travaillons pour voir si nous pouvons élargir le nombre de bénéficiaires qui est déjà de 3,6 millions», a annoncé l'ancien d'Europe Ecologie-les Verts, pointant au passage le fait qu'«un certain nombre de Français qui y auraient droit n'en font pas la demande». «Nous allons communiquer sur ce sujet», a-t-il promis.

Coup de pompe pour la cote de Macron

Mais après l'annonce d'Emmanuel Macron sur Europe 1 vantant la «bonne philosophie» du chèque carburant mis en place par le président de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, et son intention de «défiscaliser» cette aide aux personnes qui travaillent à plus de 30 kilomètres de leur domicile sans transport en commun, le gouvernement n'a pas l'air prêt à lâcher plus de lest. Ce nouvel épisode du mécontentement sur le pouvoir d'achat abîme pourtant l'image du Président : selon le dernier baromètre Elabe pour les Echos, la cote de confiance d'Emmanuel Macron auprès des Français a encore chuté de 3 points sur un mois à 27%, un niveau historiquement bas.