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Libération
Éditorial

Inertie

publié le 8 novembre 2018 à 21h16

La faute à pas de chance, ou plus précisément «aux fortes pluies» tombées ces dernières semaines. La mairie de Marseille a évoqué la météo comme explication possible à l'effondrement lundi de deux immeubles, qui a causé la mort d'au moins sept personnes. Si le sujet prêtait à rire, on écrirait que la municipalité a sorti le parapluie. Sauf que c'est à pleurer tant la responsabilité des élus, notamment du premier d'entre eux, est engagée. Le rapport remis en 2015 à la ville, dans lequel Libération s'est plongé, est accablant pour Jean-Claude Gaudin, maire depuis 1995. Son diagnostic est sans appel : 100 000 Marseillais vivent dans des habitations dont l'état représente un risque pour leur santé ou leur sécurité. Soit un habitant sur huit environ. C'est énorme. Un rapport «partisan», accuse l'ancien ministre de Jacques Chirac, décidément désarmant. Le texte en question a été rédigé par cinq experts reconnus. La réalité est beaucoup plus cruelle. Il n'y a eu à Marseille aucun complot météorologico-gauchiste, mais bien une indéfendable inertie municipale. Elle est d'autant plus coupable que la mairie, là encore contrairement à ce qu'affirme Jean-Claude Gaudin, dispose des outils techniques et juridiques pour intervenir sur ces taudis. Paris, par exemple, s'y est attelé. Rénover un tel parc d'immeubles insalubres ne se fait pas en un claquement de doigts. C'est une tâche de longue haleine, coûteuse, compliquée, tant les interlocuteurs sont multiples. Mais du temps ou de l'argent, Jean-Claude Gaudin en a eu, ou a su en trouver pour mener à bien d'autres projets, plus prestigieux. Ils ont contribué, il faut le reconnaître, au rayonnement de sa ville. C'est bien la preuve que le maire d'une métropole comme Marseille n'est pas démuni pour agir. Là où il décide de le faire. Et que c'est un choix politique.