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Libération
Récit

Pédophilie dans l'Eglise : un grand serviteur de l'Etat pour présider la commission indépendante

Annoncée lors de l'assemblée des évêques à Lourdes, la commission indépendante chargée de faire la lumière sur les cas de pédophilie dans l'Eglise sera présidée par Jean-Marc Sauvé, vice-président honoraire du Conseil d'Etat.
Jean-Marc Sauvé, à l'Elysée, le 30 janvier. (Photo Ludovic Marin. AFP)
publié le 13 novembre 2018 à 18h40

Un gage de sérieux, sans aucun doute. Les évêques catholiques ont décidé de confier, selon un communiqué diffusé mardi, la présidence de la future commission indépendante chargée de faire la lumière sur le scandale de la pédophilie dans l’Église, à Jean-Marc Sauvé: un grand serviteur de l’Etat, vice-président honoraire du Conseil d’Etat. Cet homme discret qui a pris sa retraite en mai dernier a aussi, comme il convient, une fibre catholique affirmée. Avant d’entrer à l’ENA au début des années 70, il a passé deux ans chez les jésuites à Lyon.

Né dans la Somme dans une famille de petits paysans, Jean-Marc Sauvé, ancien conseiller de Robert Badinter au ministère de la Justice au début des années 80, est un pur produit de la méritocratie républicaine. Sur l’échiquier catholique, Jean-Marc Sauvé, de sensibilité proche de la gauche, appartient à l’aile d’ouverture, éloignée de la tentation identitaire qui agite ces dernières années les milieux religieux.

A la tête de la commission, sa tâche ne sera pas facile. Sous pression depuis deux ans quant à sa gestion des cas de pédophilie, l’épiscopat français a décidé, la semaine dernière à Lourdes, de mettre en place cette instance indépendante chargée de faire la lumière sur ces dysfonctionnements. Avant la France, seuls les évêques d’Allemagne avaient pris ce type d’initiative. Rendu public en septembre, le rapport de la commission allemande avait suscité de nombreuses critiques, notamment liées au fait que ses membres n’avaient pas pu avoir accès à l’ensemble des archives. La future commission française est donc attendue au tournant. D’autant que le scandale qui frappe l’Eglise catholique est désormais mondial. Pour tenter de reprendre la main, le pape François a convoqué un sommet inédit sur la question, en février prochain à Rome.

Dans les jours à venir, Jean-Marc Sauvé doit rencontrer Georges Pontier, archevêque de Marseille et président de la Conférence des évêques de France (CEF). Dans un premier temps, il devra nommer les membres de la commission qui devrait être pluridisciplinaire.