Etre le deuxième pilier de la majorité présidentielle, ça se mérite. Et pour conforter cette place, le Modem ne mégote pas ses efforts. Au point que le parti centriste, dirigé par François Bayrou et soutien de la première heure du candidat Macron, finit par ressembler au cirque Medrano, une école de fil-de-fériste ou le «en même temps» tient lieu de balancier pour se maintenir en équilibre. A plusieurs reprises, le leader centriste avait demandé une inflexion plus sociale de la politique gouvernementale. Lors de l’université de rentrée de son mouvement, il avait estimé avoir été entendu. Cette inflexion, les Français qui s’apprêtent à manifester samedi ne l’ont visiblement pas perçue.
Face au mouvement des gilets jaunes et de la grogne citoyenne déclenchée par la hausse des taxes sur les carburants, le Modem, via ses porte-parole Jean-Noël Barrot, député des Yvelines, et Sarah El Haïry, députée de Loire-Atlantique, comprend «ce mouvement citoyen que les extrêmes tentent d'instrumentaliser mais qu'il ne faut pas caricaturer». «Nous entendons la grogne des gens sur nos territoires», estime la députée. «Cette colère est légitime», concède son collègue des Yvelines qui reconnait «un ras-le-bol des classes moyennes face à la hausse de la fiscalité». Il ajoute : «Mais ce n'est pas parce qu'il y a une grogne que le travail n'est pas fait de la part du gouvernement.» Et Jean-Noël Barrot de détailler toutes les mesures prises par Matignon pour atténuer l'impact de la taxation écologique sur les populations les plus pauvres et donc les plus touchées par la hausse du prix des carburants, comme la prime à la reprise pour les véhicules anciens ou le chèque énergie.
«Ce mouvement exprime aussi une somme de frustrations, de méfiances accumulées à l'égard des politiques et de défiance sur la manière dont l'Etat dépense l'argent qu'il collecte»; poursuit Jean-Noël Barrot, pour qui «toutes les études montrent que les mesures fiscales prises par le gouvernement ont entraîné une hausse du pouvoir d'achat pour les classes moyennes». Les mécontents de samedi ne les auront sans doute pas lues.