Largement relayé dans les médias ces derniers jours, un argumentaire utilisé par certains militants de la majorité pour contester le mouvement de ce samedi estime qu'une heure de smic (9,88 euros brut) permet de faire 134 kilomètres, contre seulement 30 kilomètres en 1973. Cette information est issue d'une actualisation des travaux de l'économiste Yves Crozet. Celui-ci explique qu'en «monnaie courante, le salaire minimum a progressé beaucoup plus vite que le prix du litre d'essence. Les chocs pétroliers ont été absorbés. En une heure de travail, le pouvoir d'achat en termes de litre d'essence a plus que doublé, de 3 à presque 7 litres. Comme la consommation des véhicules a été presque divisée par 2, le pouvoir d'achat a quadruplé. Le prix des voitures a aussi diminué : près de 2 000 heures de travail au smic étaient nécessaires pour acheter une petite voiture à la fin des années 60, c'est deux fois moins aujourd'hui.»
Mais Yves Crozet ajoute aussi que «la vitesse de l'automobile, alliée à la baisse de son prix relatif, a débouché sur une dilatation des aires d'attraction doublée d'une intensification des modes de vie.» Autrement dit, le taux d'équipement automobile a augmenté, la vie s'étant organisé autour de la voiture, l'espace s'est dilaté. Les Français, en conséquence, roulent davantage, et sont plus dépendants de la voiture. Ainsi, la distance parcourue a plus que doublé depuis les années 70.
L’un dans l’autre, le poids de la dépense de carburant dans la consommation des Français est resté quasi stable. En 1973, selon l’Insee, il était de 3,8 %, contre 3,7 % en 2012. Après avoir atteint un minimum en 2016 (2,9 %), le pourcentage est remonté à 3,1% en 2017 et devrait être supérieur en 2018 en raison de la hausse des prix du carburant.
Photo David Richard. Transit