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Wauquiez retrouve son Sens commun

Le président des Républicains interviendra dimanche devant le mouvement politique né de la Manif pour tous.
Laurent Wauquiez en juin 2018 à Menton (Alpes-Maritimes). (Photo Valéry Hache. AFP)
publié le 18 novembre 2018 à 11h29

Laurent Wauquiez a fait sienne la mise en garde de Philippe à son père Jean le Bon lors de la bataille de Poitiers en 1356 destinée à le protéger des mauvais coups anglais : «Père, gardez-vous à droite, père gardez-vous à gauche.» Car si le président de LR va intervenir dimanche devant Sens commun, lors d'une journée intitulée «La droite que nous voulons est conservatrice», entre le mouvement politique né de la Manif pour tous et le parti de droite, le temps n'est plus forcément à l'idylle comme au moment des manifs contre la loi Taubira. «Ce n'est pas que Laurent Wauquiez s'en méfie mais il ne veut pas être lié à un courant plus qu'à un autre. Il veut garder les coudées franches», résume un cadre de LR. Mais pas question non plus pour lui de se couper d'un courant de pensée qui conserve encore un réel pouvoir d'influence à droite. Pourtant tout aurait dû coller entre Sens commun et celui qui, depuis son accession à la tête de LR, se veut le chantre du retour à une vraie droite des valeurs. Seulement voilà, les primaires de la droite sont passées par là.

Sens commun paye encore aujourd'hui les conséquences de son engagement jusqu'au-boutiste derrière François Fillon lors de la primaire puis durant la présidentielle. Son actuelle présidente est Laurence Trochu, conseillère départementale des Yvelines et membre du bureau politique de LR, qui a soutenu mordicus le candidat de la droite tandis que Sébastien Pilard, un des fondateurs du mouvement, a démissionné pour acter son désaccord. Nombre d'adhérents sont partis au même moment. Ils seraient encore 5 000. «Une fois élu, Laurent Wauquiez a tout de suite dit qu'il voulait rassembler tout le monde. Donc pas question pour lui de privilégier ce courant de pensée au sein de notre famille», explique un des responsables du parti. «C'est un courant de pensée mais qui n'a qu'une place modeste au sein de LR et ne représente pas l'alpha et l'oméga de notre pensée. Il ne faut pas le surpondérer», poursuit Damien Abad, député de l'Ain et vice-président de LR. Seulement deux membres déclarés de Sens commun siègent ainsi au sein du bureau politique sur un total d'une cinquantaine de personnes. «Laurent Wauquiez les écoute. Mais il sait aussi faire le tri», assure un des proches. «En fait leur influence est inversement proportionnelle à leur nombre», constate toutefois un parlementaire.

Surtout les membres de Sens commun ont su se rendre indispensables en interne. «Ils mènent un vrai travail intellectuel. Ils bossent et ils produisent énormément de notes et pas que sur les questions familiales et sociétales sur lesquelles ils possèdent une véritable expertise», reconnaît un membre de LR qui ne partage pas toutes les thèses qu'ils défendent. «Ils essayent de se rendre indispensables par leur travail de militants. Ils sont organisés et possèdent également pas mal de relais d'influence dans la société en dehors des limites du parti», poursuit ce cadre du parti. Aujourd'hui, Sens commun tente d'élargir le cadre traditionnel de ses réflexions en se voulant le représentant d'une droite conservatrice, défenseur d'un modèle de «société durable» avec le refus de toucher au corps humain et des notions d'identité ou de terroir face une mondialisation qui déshumanise. Un travail de fond destiné à lester la droite d'un corpus idéologique cette fois très à droite. Ce qui n'a rien pour rebuter Laurent Wauquiez.