En Essonne, un dimanche sans surprise. Lors de la législative partielle à Evry, l’abstention est arrivée loin devant : près de 84 % des inscrits sur les listes électorales sont restés à la maison. Un sale coup pour la démocratie. Dans les urnes, c’est Francis Chouat, maire d’Evry et poulain de Manuel Valls, qui prend la tête (30 %), devant l’insoumise Farida Amrani (18 %). La finale attendue. Le second tour aura lieu dimanche 25 novembre. Logiquement, le candidat soutenu par La République en marche (LREM) et toutes les grosses têtes de droite de la circonscription part avec le dossard de favori.
Dimanche soir, l'équipe de Farida Amrani était soulagée. Elle avait «peur» de se retrouver «trop loin» au soir du premier tour. Afin de se rassurer, les insoumis comparent les scores de la législative de 2017, l'écart entre Manuel Valls – qui n'était pas encore parti pour Barcelone –, était quasi identique. Au second tour, la bataille s'était terminée, à la limite de la baston générale, avec un écart de 139 voix en faveur de l'ancien Premier ministre et un recours pour «fraude» retoqué par le Conseil constitutionnel.
Mémoires
La France insoumise mise sur le report des voix des électeurs de gauche pour rafler la mise. Eva Sas (EE-LV et PS) dépasse d'un chouïa la barre des 10 % et Michel Nouaille (PCF) s'approche des 8,5 %. Une réserve importante sur le papier. Plus complexe sur le terrain. Eva Sas devrait rester en retrait, ne pas trancher entre les deux et laisser le choix à ses électeurs. Une stratégie qui agace un dirigeant LFI : «Lorsqu'on voit la politique de Macron, c'est impossible de ne pas choisir. C'est invraisemblable !» Michel Nouaille, c'est une autre histoire. Le communiste appelle à voter pour la candidate insoumise, «sans hésiter».
Sauf que l'élection de 2017 reste dans les mémoires, de nombreux insoumis lui reprochent de ne pas vouloir «jouer le jeu» lors du second tour. Croisé au marché des Tarterêts à Corbeil, quelques jours avant le vote, on lui a posé la question. Le candidat PCF n'a pas caché ses soucis personnels avec les insoumis. «J'ai voté Amrani la dernière fois au second tour mais c'est vrai que de nombreux communistes ont refusé de voter, ils n'ont pas aimé le comportement de La France insoumise à l'égard des communistes», a-t-il précisé. Michel Nouaille assure que, cette fois, face au «contexte actuel et la politique de Macron», lui et les siens se déplaceront pour voter Farida Amrani.
«Rien n’est fait»
Le véritable ennemi de LFI ne change pas : l'abstention. Pourtant, la candidate a eu le droit à de la visite afin de faire bouger les foules : notamment de nombreux députés insoumis, dont François Ruffin et Jean-Luc Mélenchon. Mais rien. L'abstention cartonne. Le mouvement espère que les électeurs se déplaceront dimanche prochain, persuadé que chaque nouveau vote tombera dans leur nid. Les députés LFI repasseront une tête dans l'Essonne pour filer un coup de main. Des gros moyens pour arracher une victoire du bout des dents qui aurait des répercussions sur le plan national. Récemment, après les déboires judiciaires, Manuel Bompard nous confiait : «Après tout ce qu'on vient de vivre, si on arrive à gagner cette élection, plus rien ne pourra nous arriver.»
En face, Francis Chouat la joue sobre. Dimanche soir, à la tombée des résultats, il a simplement déclaré : «En seulement sept semaines nous avons été entendus. Nous terminons en tête sur cinq des six communes. Je suis heureux de ce résultat mais rien n'est fait.» Pour cause, il reste une inconnue qui a son importance. Le candidat du Rassemblement national (ex-FN) a réalisé près de 14 % des voix. Ce n'est pas rien. Que feront les électeurs «frontistes» au second tour ? Mystère et boule de gomme.