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Libération

Vincent Lambert : un «état irréversible», mais une affaire immobile

publié le 22 novembre 2018 à 20h16

Horizon immobile. Et cela depuis dix ans. Trois experts, saisis de nouveau par le tribunal de Châlons-en-Champagne (Marne), viennent de rendre leur rapport sur la situation clinique de Vincent Lambert, infirmier psychiatrique dans le coma après un accident de voiture en 2008. Selon eux, il ne va pas mieux qu'en 2014, date de la dernière expertise officielle : son état végétatif est «irréversible» et ne lui laisse aucun «accès possible à la conscience». Un préalable requis avant l'éventuel déclenchement d'une nouvelle procédure d'arrêt des soins, demandée le 9 avril par le CHU de Reims où le patient est hospitalisé. Ce n'est que le… septième rapport sur le cas. Peut-être y en aura-t-il d'autres tant la justice se noie dans cette histoire où les conflits familiaux conduisent à des recours à répétition. Selon les trois experts, «la limitation extrême ou totale de ses capacités d'accès à la conscience, de communication, de motricité, d'expression de sa personnalité, l'altération irréversible de son image lui portent atteinte à un point qui n'est pas acceptable par lui-même, et par son épouse et tutrice.»

Sa compagne, Rachel, tente depuis longtemps de faire respecter la volonté de son mari qui, dit-elle, aurait refusé l'acharnement thérapeutique. Sur certains points, les experts se montrent plus nuancés. Ils avancent que la prise en charge du patient à travers ses «besoins fondamentaux primaires ne relève pas de l'acharnement thérapeutique ou d'une obstination déraisonnable», un élément pourtant clé de la loi Claeys-Leonetti sur la fin de vie. Bizarrement, ils expliquent que «la condition médicale de Vincent Lambert n'appelle aucune mesure d'urgence». Et de noter qu' «il existe en France des structures pouvant l'accueillir jusqu'à sa disparition si le maintien au CHU de Reims s'avérait impossible pour des raisons autres que relevant de la simple technique médicale».

Dès lors, que va-t-il se passer ? La mère de Vincent Lambert a repris son bâton de pèlerin, expliquant que le rapport «ne change pas grand-chose. […] Vincent n'est pas en obstination déraisonnable. Les experts l'ont dit, il n'est pas en fin de vie. […] Qu'il soit pris en charge correctement, c'est tout ce qu'on attend».

Rachel Lambert, elle, préfère ne plus rien dire. Pour François, le neveu du patient, «il y a tout pour mener à bien la procédure d'arrêt des soins» voulue par le CHU de Reims. Sa validité sera examinée le 19 décembre par le tribunal administratif.