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Libération
Gilets jaunes

Rennes : «Beaucoup n’ont pas les moyens de faire du covoiturage»

En Bretagne, actions et rassemblements ont été organisés vendredi. Les «gilets jaunes» qui ne viendront pas à Paris évoquent le coût et la peur des «casseurs».
publié le 23 novembre 2018 à 20h36

En attendant le rassemblement parisien de ce samedi, plusieurs actions sporadiques ont été menées vendredi dans la région rennaise et en Bretagne, avec un nouveau mot d’ordre : «faire perdre de l’argent à l’Etat», en masquant des radars routiers ou en bloquant des centres administratifs ou des impôts. Dès vendredi matin, à Rennes, quelques «gilets jaunes» ont ainsi manifesté devant le centre national de traitement des infractions routières, avant d’être évacués dans le calme. A Paimpol (Côtes-d’Armor), un rassemblement symbolique s’est, lui, tenu devant le centre des impôts.

Le mouvement des gilets jaunes de la zone portuaire de Saint-Nazaire a, de son côté, lancé un appel (vu près de 1 million de fois sur les réseaux sociaux) pour un vaste rassemblement ce samedi, à 14 heures, dans la cour de la sous-préfecture de la commune, invitant «toutes les villes de France» à faire de même dans «les lieux de l'exercice du pouvoir exécutif». Le tout dans un esprit «pacifique et respectueux du bien commun» pour «un monde plus humain pour nous et les générations futures». Barrages filtrants et opérations escargots se sont poursuivis ici et là, tandis que les uns et les autres s'interrogeaient sur l'opportunité de rejoindre ou non Paris samedi.

«Eléments extérieurs». «Certains s'organisent en covoiturage, mais ce sont surtout des initiatives individuelles, beaucoup n'ont pas les moyens», indiquait une manifestante lors d'une réunion d'information à Rennes, vendredi après-midi. «Faut payer le gasoil, cela représente un budget», confirmait Matthieu, 29 ans, chauffeur routier qui gagne«1 550 euros net par mois pour deux cents heures de boulot» : «J'en ai marre de tout. On est pris pour des pigeons. J'ai dû retourner vivre chez mes parents à 29 ans, vous trouvez ça normal ?»

D'autres préféraient rester à Rennes autant par économie que par crainte des débordements. «Ici, c'est plus sécurisant, on ne devrait pas se faire gazer», remarque Thierry, retraité de la métallurgie. De même que les gilets jaunes, évoquant le saccage du péage de l'A10 en Gironde, accusent des «éléments extérieurs» de s'être greffés sur leur mouvement, beaucoup redoutent la présence de «casseurs» à Paris. Tout en récusant toute idée de dérive généralisée.

«Antisocial». «Ce n'est que de la fake news, estime un jeune gilet jaune au chômage. L'extrémiste, c'est Macron avec sa politique antisociale qui ne fait que précariser les chômeurs et les salariés.» Matthieu dénonce, lui, toutes les tentatives de récupération politique et préfère «un mouvement du peuple, sans syndicat, ni parti… Au moins le temps qu'on s'organise mieux». Il est vrai qu'à Rennes, des tensions sont apparues entre différents groupes de gilets jaunes sur la stratégie et les cibles à viser. Mais ces tensions seraient apaisées et le mouvement rennais a promis «une manifestation énorme» ce samedi dans la capitale bretonne, selon des modalités qui restaient tenues secrètes vendredi soir.