Les «gilets jaunes» ont lancé ce samedi matin «l'acte 2» de leur mobilisation contre la hausse des carburants.
Dimanche après-midi : incertitudes autour d'une mobilisation le 1er décembre
Benjamin Cauchy, porte-parole des «gilets jaunes» en région toulousaine, a «formellement» démenti l’appel lancé dimanche sur Facebook appelant à un «acte 3» du mouvement et appelant à une journée de mobilisation le samedi 1er décembre.
«Je suis en relation avec d'autres initiateurs du mouvement. Nous démentons formellement cet appel. Nous verrons ce que nous ferons en fonction de ce que dira Emmanuel Macron mardi. A l'heure actuelle, il n'existe pas d'acte 3 des gilets jaunes», a-t-il affirmé à l'AFP. «Je ne connais pas les gens qui ont créé cette page mais on est sur de la manipulation, de la récupération, je ne sais pas si c'est d'extrême droite ou d'extrême gauche», a-t-il ajouté. Sur Facebook, canal principal de mobilisation de cette contestation qui s'est propagée hors de tout cadre syndical et politique, un compte Facebook se présentant comme la «page officielle» des «gilets jaunes» a créé dimanche un événement intitulé «Acte 3 Macron démissionne !» pour le samedi 1er décembre à 14H00.
Dimanche matin : 101 mises en garde à vue à Paris
La manifestation des «gilets jaunes» samedi à Paris sur les Champs-Élysées a donné lieu à 101 mises en garde à vue selon un nouveau bilan de la Préfecture de police. Les heurts ont fait 24 blessés, dont 5 côté forces de l’ordre.
Dimanche matin, une pelleteuse enlevait l’une des dernières barricades jonchant la chaussée, tandis que plusieurs camions de la propreté de la capitale nettoyaient l’avenue. Des parois d’abris bus ont été cassées, tandis que plusieurs vitrines de commerçants étaient brisées. Dans un restaurant, du personnel s’affairait à remplacer des fenêtres brisées par des panneaux de bois, tandis que d’autres nettoyaient ou remettaient en ordre leurs terrasses.
En province, des actions de «gilets jaunes» étaient encore observées dimanche dans le Var, sur des ronds-points et au péage de Saint-Maximin, sur l’autoroute A8. Dans le Vaucluse, plusieurs sorties et entrées d’autoroute à Avignon étaient fermées ou faisaient l’objet de barrages filtrants.
19h30. Macron exprime sa «honte» et dénonce les violences
«Merci à nos forces de l'ordre pour leur courage et leur professionnalisme. Honte à ceux qui les ont agressées. Honte à ceux qui ont violenté d'autres citoyens et des journalistes. Honte à ceux qui ont tenté d'intimider des élus. Pas de place pour ces violences dans la République», a tweeté Emmanuel Macron, réagissant aux violences qui ont marqué les manifestations notamment à Paris.
Merci à nos forces de l’ordre pour leur courage et leur professionnalisme. Honte à ceux qui les ont agressées. Honte à ceux qui ont violenté d’autres citoyens et des journalistes. Honte à ceux qui ont tenté d’intimider des élus. Pas de place pour ces violences dans la République.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) November 24, 2018
Au même moment, le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner annonçait un décompte final d’exactement 106 301 manifestants à travers la France (sur 1 619 lieux), soit environ trois fois moins que la semaine dernière. 42 personnes ont été interpellées à Paris, et 130 au total dans toute la France.
18 heures. 19 blessés à Paris
Selon la préfecture de police de Paris, les heurts qui ont accompagné la manifestation parisienne des «gilets jaunes» a fait 19 blessés, dont 4 parmi l’effectif des forces de l’ordre. Il y a eu 34 interpellations.
A 18 heures, il reste encore «400 personnes sur le secteur Champs Elysées», annonce encore la préfecture.
16h30. Nouveaux chiffres
Près de 81 000 «gilets jaunes» étaient recensés samedi à 15 heures dans toute la France, dont 8 000 à Paris, contre 244 000 au total samedi dernier à la même heure, selon un décompte du ministère de l’Intérieur.
Il y a eu 35 interpellations sur tout le territoire, dont 18 à Paris. Vingt-deux personnes ont été placées en garde-à-vue, selon le ministère. Huit personnes ont été blessées, dont deux gendarmes.
Par ailleurs, les manifestants ont décidé de bloquer quelques rues.
Des grappes de gilets jaunes qui ont quitté les Champs Elysées bloquent certaines rues aux alentours. Ici le boulevard Haussmann près de la gare Saint-Lazare. #24Novembre pic.twitter.com/jlS2DUyV5h
— Ismaël Halissat (@ismaelhat) November 24, 2018
15h30. «Si ça se trouve, à Noël, on sera encore là !»
De notre journaliste Sarah Finger, envoyée spéciale à Aurillac. Ils campent là nuit et jour, et depuis huit jours : le carrefour de l'Europe, au nord-ouest d'Aurillac (Cantal), est devenu leur QG. Mais depuis ce matin, les dizaines de «gilets jaunes» rassemblées ici voient affluer de nouvelles forces vives : des tracteurs venus à 30 km/h du sud du département, des camionneurs stationnés le long du rond-point, des motards prompts à faire ronfler leur moteur… «Et ce n'est que le début ! Si ça se trouve, à Noël, on sera encore là !», lance Robert, 59 ans, qui couche ici, sur un matelas de fortune, depuis plusieurs nuits.
Les automobilistes qui circulent tant bien que mal à Aurillac ont, pour une écrasante majorité d'entre eux, glissé un gilet jaune bien en vue sur leur tableau de bord. Tous klaxonnent tandis qu'ils s'engouffrent sur ce rond-point ; certains prennent même le temps de signer une pétition de soutien à ces manifestants plantés ici, dans le froid, depuis le petit matin. Pour maintenir les troupes au top, ceux-ci s'échangent les infos qui circulent sur les réseaux sociaux : «Il paraît qu'une trentaine de tracteurs arrive aussi de Montsalvy !», s'enthousiasme une jeune éleveuse de veaux.
Dans le centre-ville d'Aurillac, d'autres gilets jaunes sont postés devant la Préfecture. A pied, en moto ou en tracteur, tous doivent à présent converger vers la gare. Avec un seul mot d'ordre : «On ne lâchera rien».
14h30. «On a foutu le bordel à Paris !»
De notre journaliste Gurvan Kristanadjaja à Paris. La foule se disperse peu à peu, un feu de scooter électrique a pris avenue Friedland, alimenté régulièrement par des gilets jaunes en barrières, vélos en libre service et pancartes.
Les affrontements ont cessé mais leurs traces demeurent : ça et là des grenades lacrymogènes et des pavés explosés jonchent le sol. Un «gilet jaune» clame fièrement : «On a foutu le bordel à Paris ! Et c'est la province qui est venue à Paris leur montrer».
Photo Denis Allard pour
Libération
A quelques mètres de là, des barricades sont montées avec des barrières métalliques pour que le pied de grue puisse durer le plus longtemps possible.
14 heures. «C’est l’anarchie»
De notre journaliste Gurvan Kristanadjaja à Paris. Quelques centaines de personnes sont encore rassemblées autour de l'Arc de Triomphe. L'ambiance reste tendue mais certains «gilets jaunes» se mettent en retrait pour raconter leurs méfaits.
Sur les écrans de téléphone, les vidéos de casses et d'affrontements dans d'autres villes défilent. Ils commentent fièrement : «C'est l'anarchie, Macron pourra pas nous résister».
« Macron démission » pic.twitter.com/HPZ0n0c0dh
— Gurvan Kristanadjaja (@GurvanKris) November 24, 2018
12h30. Castaner accuse Le Pen, Mélenchon dénonce Macron
Selon le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, le mouvement des «gilets jaunes» a rassemblé ce matin 8 000 manifestants à Paris et 23 000 dans toute la France. A propos des violences sur les Champs-Élysées, il a dénoncé «les séditieux» d'ultradroite «qui ont répondu à l'appel de Marine Le Pen».
Pour Jean-Luc Mélenchon, c'est Emmanuel Macron qui est dans «son nuage lacrymogène».
Le monde entier regarde la France des insoumissions et des révolutions, de retour dans les rues, qui refuse de payer les privilèges fiscaux des grandes fortunes.
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) November 24, 2018
Le monarque président des riches reste seul dans son nuage lacrymogène.#ChampsElysees #GiletJaunes #24novembre
Le calme semblait par ailleurs revenu ce midi sur les Champs Elysées. Selon la préfecture de police, on comptait à 13 heures 9 personnes interpellées.
En marge des incidents sur les Champs, un groupe de gilets jaunes se présentant devant le Sénat a été dispersé par les forces de l’ordre.
12h16. A Toulouse, marche vers la préfecture
A Toulouse, des centaines de manifestants se dirigeaient en fin de matinée vers la préfecture, entonnant divers airs connus («Macron t'es foutu, les Français sont dans la rue»). (photo Ulrich Lebeuf.Myop)
Le point à Paris à midi
A Paris, la foule, qui tentait de pénétrer dans un périmètre interdit d’accès incluant notamment les abords de l’Élysée, la partie basse des Champs-Élysées et la place de la Concorde, a été dispersée par des tirs de gaz lacrymogènes et un engin lanceur d’eau.
La tension monte sur les Champs Élysées où des barricades sont retirées. Échanges de projectiles avec les forces de l’ordre qui ‘’ gazent’’ la foule jusqu’aux rues adjacentes. #GiletsJaunes pic.twitter.com/DI6oaY5uEw
— Felicia Sideris (@felicia_sidx) November 24, 2018
«Aucun manifestant n'est dans la zone interdite», a affirmé la Préfecture de police. Ces incidents sont liés à la présence «à l'avant du cortège d'une centaine de membres de l'ultradroite qui harcèlent les forces de l'ordre», a affirmé une source policière.
La situation se tendait fortement peu avant midi : certains manifestants refluaient vers le haut de l’avenue tandis que d’autres étaient vus en train de desceller des pavés ou s’emparer du mobilier urbain, pour dresser une barricade.
11h15. Opération péage gratis, en Mayenne
Depuis 9h ce matin, plusieurs dizaines de gilets jaunes ont envahi les voies du péage de la Gravelle près de Laval pour laisser passer gratuitement les automobilistes en provenance de Paris. Coups de klaxons, grands gestes des bras, on se salue et on se sourit de part et d'autre au passage des véhicules. Une sono a été installée près d'une cabine et deux grands drapeaux bretons flottent sous le ciel bleu. «On est là pour vivre, pas pour survivre» lance un gilet jaune grimpé sur un promontoire en béton aux manifestants qui enchaînent en entonnant La Marseillaise. Vers 11h une centaine de gilets jaunes étaient rassemblés au péage et de nouveaux manifestants ne cessaient de venir gonfler leurs rangs. (Pierre-Henri Allain, envoyé spécial. Photo Thierry Pasquet. signatures pour Libération).
Le point à 11 heures
Plusieurs milliers de «gilets jaunes» se sont réunis sur les Champs-Élysées, où ils se sont heurtés à un important dispositif policier leur barrant le passage vers la place de la Concorde.
Les forces de l’ordre ont tiré des gaz lacrymogènes pour les éloigner du rond-point des Champs-Elysées, frontière d’un périmètre «sécurisé» incluant notamment les abords de l’Élysée, la partie basse des Champs-Élysées et la place de la Concorde.
Ambiance lacrymo au rond point des Champs elysees #AFP #GiletsJaunes #manifestation pic.twitter.com/JZYfvv9CvF
— Céline Agniel (@celineagniel) November 24, 2018
Le point à 10h30
En début de matinée dans la capitale, plusieurs centaines de protestataires convergeaient vers la place de l'Etoile et le haut de l'avenue des Champs-Elysées, aux cris de «Macron démission» ou «Avec nous la police». Le grand rassemblement qu'ils avaient initialement prévu place de la Concorde à Paris, auquel plus de 36 000 personnes se sont déclarées «participants» sur Facebook, a été interdit.
Les «gilets jaunes» ont rejeté la proposition de se réunir sur le Champ-de-Mars, refusant d'être «parqués» loin des lieux de pouvoir parisiens, et annoncé qu'ils manifesteraient «dans le quartier des Champs-Elysées» durant «toute la journée».
Dans le flou, les autorités, qui veulent éviter les débordements de la première semaine de mobilisation (deux morts, 620 civils et 136 membres des forces de l'ordre blessés), ont déployé des forces de l'ordre «à un niveau exceptionnel». Elles redoutent notamment l'infiltration de «réseaux violents d'ultradroite et d'ultragauche».
A Paris, 3 000 forces mobiles ont été mobilisées, a indiqué la Préfecture de police, qui faisait état à 9h40 de «rassemblements épars» dans la capitale.
Un large périmètre a été bouclé dès 6h autour de l'Élysée, la partie basse des Champs-Élysées, la Concorde, l'Assemblée nationale ainsi que Matignon. «Sur ce territoire, aucune manifestation, aucun rassemblement, aucun cortège en lien avec les "gilets jaunes" ne pourra se dérouler», a prévenu le préfet de police Michel Delpuech.
Des opérations étaient également en cours en province, notamment aux abords des péages et axes autoroutiers.