L’urgence et le temps long. La colère des «gilets jaunes» qu’il faut contenir, les grands équilibres énergétiques pour les vingt ans à venir qu’il faut redéfinir. Les sous que les uns réclament tout de suite pour aller faire le plein. Les investissements dans la durée que les autres demandent pour en finir avec ces logements qu’on appelle les passoires thermiques. Emmanuel Macron, ce mardi, va tenter de tenir les deux bouts de cette corde temporelle. Nombre de ses prédécesseurs se sont pris les pieds dedans. Ils pensaient gouverner pour prévoir le long terme. Ils ont buté sur des lendemains sondagiers qui déchantaient. Paradoxale mais implacable loi de la politique : regarder loin en se méfiant du quotidien. Emmanuel Macron a annoncé qu’il ne dévierait pas de son cap sur la transition écologique, et donc sur la taxation des carburants. Il fait le pari que céder sur ses orientations de long terme lui coûterait cher politiquement. Cela s’entend, au nom de la cohérence. Sauf que cette cohérence, en l’occurrence écologique, n’est jamais apparue évidente. Ni pendant la campagne d’Emmanuel Macron, ni depuis son installation à l’Elysée. Cette coloration verte du discours présidentiel date en réalité du départ de Nicolas Hulot. Il faut s’en réjouir, mieux vaut tard que jamais. Mais elle est trop récente pour que le Président ait eu le temps de convaincre de sa sincérité. Sa conversion laisse sceptique, et pas seulement du côté des «gilets jaunes». Vernis vert ou vrai élan écolo ? Le chef de l’Etat doit aujourd’hui convaincre que cette transition écologique va être au cœur de sa politique. Il a par ailleurs lui-même alimenté l’importance des annonces qu’il doit faire pour calmer la grogne des «gilets jaunes». Il doit montrer qu’il entend la souffrance sociale. Il est donc face à un défi redoutable : allier justice sociale et urgence environnementale. Enlever son costume de président des riches et enfiler son gilet vert.
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