Après des mois de tergiversations, le gouvernement affiche sa volonté d’avancer rapidement sur la question de l’organisation de l’islam, qui devrait passer par une modification de la loi de 1905. Depuis le milieu de la semaine dernière, le ministre de l’Intérieur, chargé des cultes, Christophe Castaner, a entamé des consultations avec les autorités religieuses, recevant, mardi soir, le président de la Fédération protestante de France (FPF), le pasteur François Clavairoly.
«Le gouvernement prend très au sérieux la question de la place des religions dans la société et l'organisation de l'islam de France», a déclaré à Libération François Clavairoly, à l'issue de sa visite Place Beauvau. Selon ce dernier, des documents écrits devraient être prochainement transmis aux cultes afin de finaliser le projet de loi du gouvernement qui envisage de modifier la loi de 1905 sur la séparation des Eglises et de l'Etat.
En fin de semaine dernière, le ministre de l'Intérieur avait déjà reçu les responsables du Conseil français du culte musulman (CFCM). «L'entretien a été chaleureux et direct», a commenté à la sortie Ahmet Ogras, le président du CFCM. Castaner a manifestement rassuré dans les rangs de l'islam de France, inquiet des projets gouvernementaux. De fait, c'est bien la religion musulmane qui est la principale concernée, l'objectif étant de la faire entrer dans le dispositif de la loi de 1905, notamment en rendant plus attractif le statut des associations cultuelles. Pour le gouvernement, il s'agit d'obtenir davantage de transparence financière et de limiter les financements étrangers.
«Un travail de pédagogie va être nécessaire»
Si l'objectif est ambitieux, il n'est pas garanti qu'il soit atteint. La plupart des associations musulmanes qui gèrent des lieux de culte sont, de fait, majoritairement sous le statut de la loi de 1901. «Un travail de pédagogie va être nécessaire», convient Anouar Kbibech, vice-président du CFCM. Quoi qu'il en soit, selon l'entourage du ministre de l'Intérieur, l'obligation de publier leurs comptes pourrait aussi être imposée à toutes les associations de type 1901 qui sont gestionnaires de lieux de culte, en vue d'une plus grande transparence.
Le gouvernement souhaite avancer vite sur la question. Christophe Castaner recevra aussi les représentants du courant laïque, en particulier les grandes obédiences maçonniques. Même si le dossier est suivi de très près à l’Elysée, le ministre de l’Intérieur a pour tâche de déminer le terrain, toujours explosif lorsqu’il s’agit de la loi de 1905.
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En janvier 2018, le gouvernement avait déjà tenté, lors de l'adoption du projet de loi du droit à l'erreur, d'élargir les capacités de financement des associations cultuelles, en les autorisant à percevoir des revenus immobiliers, une demande de longue date des protestants. Cela avait provoqué un début de polémique, contraignant l'exécutif à faire très vite machine arrière. «Il y aura forcément débat, commente François Clavairoly. Mais le moment est sans doute opportun pour régler les questions.»