Plus les jours passent, plus Marseille semble s’enfoncer dans le chaos. Immeubles vidés de leurs habitants à la hâte par crainte de nouveaux effondrements, barre HLM évacuée par peur de courts-circuits, locataires à la rue sans informations ni perspectives… On a du mal à concevoir que ces scènes d’un autre âge se déroulent en 2018 dans la deuxième ville de France. Nos enquêteurs ont même découvert pire : des marchands de sommeil, voire des notables sans scrupule louant des logements insalubres au prix fort en misant sur les aides personnalisées au logement (APL). On n’est plus dans les «pagnolades», mais dans ces romans noirs les plus trash dont la ville de Marseille est régulièrement l’héroïne. L’incurie de Jean-Claude Gaudin est flagrante, lui qui est maire de Marseille depuis… vingt-trois ans, cinq mois et quatre jours !!! Période pendant laquelle il a aussi été dix-huit ans et dix mois durant sénateur des Bouches-du-Rhône (1998-2017), douze ans président du conseil régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur (1986-1998), et deux ans, cinq mois et vingt jours président du conseil de la métropole d’Aix-Marseille-Provence (2016-2018) !! Des chiffres qui donnent le tournis et qui montrent bien que, au-delà de la seule responsabilité de Gaudin, c’est tout un système qui s’est montré défaillant, tout un système qui a vécu sur la bête et qui aujourd’hui panique. Remettre la ville en état, renouer les liens et surtout la confiance entre édiles et citoyens prendra du temps. Les élections municipales, au printemps 2020, s’annoncent cruciales. Marseille n’en a toujours fait qu’à sa tête et c’est ce qui fait en partie son charme, mais la ville ne pourra pas repartir sur des bases saines sans un état des lieux implacable qui ne devra négliger aucune responsabilité, aucune bassesse, aucune lâcheté, aucune cupidité de quelque parti et de quelque institution que ce soit.
Éditorial
Tournis
publié le 28 novembre 2018 à 20h46
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