Combien coûte un exigu cabinet de toilette d'une surface de 1 m² à Paris ? Réponse : plus de 10 000 euros dans la moitié des arrondissements. Seul le XIXe fait encore preuve de «modération», si l'on ose dire, avec un prix médian de 7 800 euros/m². L'immobilier parisien est en roue libre. Il va de hausse en hausse de trimestre en trimestre : 10 arrondissements sur 20 affichent désormais des prix supérieurs à 10 000 euros du mètre carré, la palme revenant au VIe arrondissement (13 010 euros/m²) selon une note de conjoncture publiée par la chambre des notaires de Paris-Ile-de-France jeudi. Ce n'est pas nouveau : l'immobilier parisien est inaccessible aux revenus modestes et moyens. Mais aujourd'hui, ses tarifs donnent le vertige avec un prix médian de 9 500 euros/m² en hausse de 6,2% sur un an. Soit plus de trois fois l'inflation attendue pour 2018.
Et ce n'est pas fini. Les projections des notaires annoncent d'ores et déjà un prix de 9 670 euros/m² en janvier. «Près de quatre ans de hausses accumulées depuis 2015 [quand les prix étaient à 7 880 euros/m²], conduiraient en janvier 2019 à un renchérissement de 1 790 euros par m² soit 23%» indique le document.
Les prix galopent… et paradoxalement, il y a toujours des acheteurs. Dans la capitale, le volume des transactions n’affiche qu’un léger repli de 3% au troisième trimestre 2018 comparé à la même période l’an dernier. Même tendance dans les autres départements d’Ile-de-France, où le haut niveau d’activité observé en 2017 semble se poursuivre. Là encore, la baisse du nombre de ventes serait limitée à 3% pour l’année 2018 dans l’ensemble de la région comparé à l’année précédente.
Hausse démographique
Le marché est porté par le dynamisme économique et démographique francilien. En moins de vingt ans, l’Ile-de-France a gagné 1,3 million d’habitants qu’il faut bien loger, sa population passant de 10,9 millions de personnes en 1999 à 12,2 millions en 2018. Sans compter que pendant longtemps, les chiffres de la construction ont été très inférieurs aux 70 000 logements neufs annuels, considérés comme nécessaires pour faire face à la hausse démographique.
Le marché du logement – à la location comme à l’achat – reste donc très tendu en raison d’une demande supérieure à l’offre. Et cette tension tire les prix vers le haut. Même en banlieue, les tarifs des appartements anciens sont très élevés : 5 790 euros/m² dans les Hauts-de-Seine, 4 470 euros/m² dans le Val-de-Marne et 3 460 euros en Seine-Saint-Denis.
Reflux violent
Pour trouver réellement moins cher, il faut s’éloigner du cœur de la région et aller dans les départements de grande couronne, où l’on enregistre encore des tarifs médians à 2 640 euros/m² dans l’Essonne et en Seine-et-Marne, et à 2 720 dans le Val-d’Oise. Cela dit, on a beau être loin de Paris, se loger en banlieue Ouest coûte cher : 3 840 euros dans les Yvelines.
Pour l’instant, le marché est tenu par des taux d’intérêt très bas, qui permettent aux acheteurs d’emprunter plus. Compte tenu des prix déjà très élevés, la moindre hausse de ces taux se traduirait par un reflux violent des ventes, les acheteurs ne pouvant plus financer leurs projets résidentiels.