Menu
Libération
A chaud

Air France sur le point de laisser au sol sa filiale Joon

Cette compagnie «hybride» qui se voulait branchée mais pas vraiment à bas coût n'a pas les faveurs du nouveau PDG arrivé en septembre. Le reclassement des 550 salariés au sein d'Air France risque de se faire sous haute tension.
Un avion de Joon, la filiale low-cost d'Air France, à l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle, le 6 août. (Photo Joel Saget. AFP)
publié le 30 novembre 2018 à 13h39

Lancée il y a moins d'un an, Joon, la filiale d'Air France censée séduire une clientèle jeune et connectée ne semble guère promise à un brillant avenir. Selon une information du Figaro, qui n'a pas été formellement démentie, l'arrêt de la compagnie au logo bleu indigo serait programmé, même si le conseil d'administration d'Air France-KLM n'a pas encore été saisi de cette décision.

Empilement des marques

La nomination d’un nouveau PDG à la tête du groupe de transport aérien, en septembre dernier, a semble-t-il sonné le glas de Joon. A peine installé dans ses fonctions, Benjamin Smith s’est étonné de l’empilement des marques : Hop pour les liaisons de courte distance, Transavia pour les vols à bas prix, Air France et KLM comme compagnies premium et Joon, difficile à classer. L’une de ses principales raisons d’être semble de pouvoir embaucher des hôtesses et stewards à un salaire inférieur de 15 à 20% à ceux pratiqués par Air France. Les pilotes, sont quant à eux au même tarif qu’au sein de la maison mère. Il s’agissait donc de baisser les rémunérations d’une partie des personnels, de manière à proposer des tarifs plus bas, sur des lignes où les compagnies low-cost ont conquis d’importantes parts de marché.

«Durs dans les négociations»

Reste néanmoins une question de taille. Qu'adviendra-t-il des 550 hôtesses et stewards si Joon doit interrompre son activité ? Ils devraient normalement être intégrés au sein d'Air France, tout comme les avions, qui retourneront au sein de la flotte de la compagnie nationale et auront donc besoin d'équipages. Mais à quelles conditions salariales ? Difficile d'imaginer que ce ne soit pas au même niveau que les hôtesses et stewards d'Air France. Et en même temps la direction entend continuer à réaliser des économies. La discussion s'annonce serrée, d'autant que parallèlement, le boss d'Air France doit discuter avec les pilotes de la compagnie qui lui réclament, avec insistance 10% d'augmentation de salaire. «Benjamin Smith n'est pas un homme qui lâche prise facilement. Avec son collègue venu d'Air Canada, ils sont très durs dans les négociations», confie à Libération un administrateur, sous le sceau de l'anonymat.

Un conseil d’administration est d’ailleurs programmé mercredi prochain. Il pourrait donner quelques pistes sur la stratégie d’Air France-KLM à l’égard de ses filiales et de ses pilotes et permettre ainsi de mesurer jusqu’où le nouveau PDG de l’ensemble entend aller dans ses réformes.