Lancée il y a moins d'un an, Joon, la filiale d'Air France censée séduire une clientèle jeune et connectée ne semble guère promise à un brillant avenir. Selon une information du Figaro, qui n'a pas été formellement démentie, l'arrêt de la compagnie au logo bleu indigo serait programmé, même si le conseil d'administration d'Air France-KLM n'a pas encore été saisi de cette décision.
Empilement des marques
La nomination d’un nouveau PDG à la tête du groupe de transport aérien, en septembre dernier, a semble-t-il sonné le glas de Joon. A peine installé dans ses fonctions, Benjamin Smith s’est étonné de l’empilement des marques : Hop pour les liaisons de courte distance, Transavia pour les vols à bas prix, Air France et KLM comme compagnies premium et Joon, difficile à classer. L’une de ses principales raisons d’être semble de pouvoir embaucher des hôtesses et stewards à un salaire inférieur de 15 à 20% à ceux pratiqués par Air France. Les pilotes, sont quant à eux au même tarif qu’au sein de la maison mère. Il s’agissait donc de baisser les rémunérations d’une partie des personnels, de manière à proposer des tarifs plus bas, sur des lignes où les compagnies low-cost ont conquis d’importantes parts de marché.
«Durs dans les négociations»
Reste néanmoins une question de taille. Qu'adviendra-t-il des 550 hôtesses et stewards si Joon doit interrompre son activité ? Ils devraient normalement être intégrés au sein d'Air France, tout comme les avions, qui retourneront au sein de la flotte de la compagnie nationale et auront donc besoin d'équipages. Mais à quelles conditions salariales ? Difficile d'imaginer que ce ne soit pas au même niveau que les hôtesses et stewards d'Air France. Et en même temps la direction entend continuer à réaliser des économies. La discussion s'annonce serrée, d'autant que parallèlement, le boss d'Air France doit discuter avec les pilotes de la compagnie qui lui réclament, avec insistance 10% d'augmentation de salaire. «Benjamin Smith n'est pas un homme qui lâche prise facilement. Avec son collègue venu d'Air Canada, ils sont très durs dans les négociations», confie à Libération un administrateur, sous le sceau de l'anonymat.
Un conseil d’administration est d’ailleurs programmé mercredi prochain. Il pourrait donner quelques pistes sur la stratégie d’Air France-KLM à l’égard de ses filiales et de ses pilotes et permettre ainsi de mesurer jusqu’où le nouveau PDG de l’ensemble entend aller dans ses réformes.