Hors de contrôle. Parti d'un feu de poubelles, l'incendie a complètement ravagé l'entrée du Lycée Saint-Exupéry de Blagnac, dans la périphérie de Toulouse. Des centaines de milliers d'euros de dégâts en quelques minutes. «Les conséquences du sinistre, situé près des laboratoires, auraient pu être pires. Heureusement, il ne s'est pas étendu au reste de l'établissement et il n'y a aucune victime. Le lycée est fermé jusqu'à la semaine prochaine», explique, les traits tendus, le vice-président délégué aux lycées et collèges de la région Occitanie, Kamel Chibli. A Toulouse, la tension s'est accentuée ce mardi matin, au troisième jour de la contestation lycéenne. Selon plusieurs témoignages recueillis par Libération, l'incendie aurait été déclenché par des éléments extérieurs au lycée, venus manifester pour le blocage de l'établissement en début de matinée. «Choqués», Donya, élève de seconde, et son frère poussent leurs valises à roulettes. «Nous rentrons chez nous à Saint-Gaudens. Ceux qui ont fait ça sont complètement inconscients. Ils disent vouloir soutenir les gilets jaunes. C'est n'importe quoi. C'est pas l'affaire d'adolescents.»

Ambiance chaotique
Feu de poubelles encore devant le lycée des Arènes à Toulouse, auquel s'ajoute l'odeur des lacrymos balancés par les CRS pour disperser les élèves qui leur font face en fin de matinée devant l'entrée de l'établissement. Ces derniers refluent en courant vers la station de métro et de tram toute proche. «Ça dégénère. Je suis d'accord avec les revendications des bloqueurs mais ce ne sont pas les bonnes méthodes. Ça va trop loin», commente Pablo, 16 ans. Pour ne rien arranger à l'ambiance chaotique qui s'installe dans la ville, la circulation des lignes de tram et de métro est à nouveau interrompue. Circulant sur les trottoirs, des files de piétons marchent en cohortes hagardes. A l'image de Josiane, 53 ans, femme de ménage : «J'ai commencé ma journée à 5 heures du matin, pris un bus, un métro pour faire mes heures de ménages de la matinée, dit-elle, les traits marqués par la fatigue. Je ne peux pas rentrer chez moi pour me reposer en attendant de reprendre mon travail en fin de journée. Je vais devoir rester en ville à attendre. C'est les plus pauvres comme moi qui supportent tout ça.»
En début d'après-midi, encadré par un gros dispositif policiers, CRS et brigades anti criminalité (BAC) aux cris de « Macron t'es foutu la jeunesse est dans la rue », un millier de lycéens manifestait sur les boulevards dans le centre ville. A 16 heures, bloquée à la hauteur de Saint-Cyprien, la manifestation s'est disloquée, engendrant des échauffourées, entre groupes de jeunes et la police. Un scénario décidément hors de contrôle.
Photo Ulrich Lebeuf. Myop pour Libération