Après une semaine qui a vu le gouvernement reculer sur l'augmentation de la taxe carburant et les lycéens entrer dans la mobilisation, les «gilets jaunes» appelaient à un «acte IV» ce samedi à Paris. Retrouvez les principaux temps forts de la journée en direct avec les envoyés spéciaux et les photographes de Libération dans toute la France.
Le président de la République «s'adressera à la Nation» lundi à 20 heures
Emmanuel Macron «s'adressera à la Nation» lundi à 20 heures, a indiqué dimanche l'Elysée, après une quatrième journée de mobilisation des gilets jaunes. L'Elysée n'a pas fourni davantage de précisions sur cette intervention attendue. Le président, qui recevra lundi matin partenaires sociaux et élus, devrait annoncer «des mesures concrètes et immédiates» pour répondre à la crise, selon la ministre du Travail Muriel Pénicaud.
Le gouvernement exclut un «coup de pouce» au Smic, selon Penicaud
Le gouvernement ne va pas annoncer de «coup de pouce» supplémentaire au Smic, au-delà de la hausse de 1,8% attendue en janvier, car une telle mesure détruirait des emplois, a déclaré dimanche la ministre du Travail, Muriel Pénicaud. «Le coup de pouce au Smic on sait que ça détruit des emplois, donc ça n'est pas la bonne méthode», a déclaré la ministre sur le plateau de LCI. «Si on augmente tous les salaires de façon automatique, il y a plein d'artisans et de commerçants qui vont mettre la clef sous la porte, ou alors ils vont augmenter les prix et personne ne pourra se payer le service», a fait valoir Mme Pénicaud.
Face à «l'impasse», Place publique appelle à une réunion de la gauche le 20 décembre
Le mouvement Place publique de Raphaël Glucksmann a appelé dimanche les «forces politiques et citoyennes» de la gauche écologiste et «solidaire» à une réunion le 20 décembre pour trouver des «solutions rapides et durables» à «l'impasse» actuelle en France. «Face à la gravité de la situation, les rivalités d'appareil et les querelles d'égo apparaissent pathétiques», affirme le mouvement citoyen dimanche, en allusion au morcellement de la gauche pour les élections européennes de mai. «La convergence entre marche pour le climat et "gilets jaunes", observée hier, doit inviter tous ceux qui veulent changer de modèle à se rassembler».
Face à une «crise qui vient de loin», dont «l'étincelle» à été «allumée» par Emmanuel Macron, Place publique propose des discussions autour de «cinq urgences»: «un nouveau pacte fiscal», un «état d'urgence social», «l'aménagement du territoire», la «sortie de la "pétro-impasse"» et la «refondation de la démocratie». Le mouvement citoyen propose par exemple dans sa tribune de dimanche «la taxation immédiate du kérosène sur les vols intérieurs» pour garantir la «justice fiscale», la «mise à contribution des grandes entreprises polluantes» ou encore une «revalorisation immédiate des bas salaires». Emmanuel Macron sera, pour Place publique, le «dernier président de la Ve République», ce qui implique de lancer «un processus constituant participatif» pour «refondre la démocratie».
Larcher, Ferrand, les partenaires sociaux reçus lundi à l’Elysée
Les présidents des associations d’élus, du Sénat Gérard Larcher, de l’Assemblée Richard Ferrand ainsi que du CESE Patrick Bernasconi seront reçus par Emmanuel Macron lundi à 10 h en même temps que les partenaires sociaux, a annoncé l’Elysée
RSF condamne les «violations des consignes de respect de la liberté de la presse»
Constatant que «le brassard presse n'a pas suffi à protéger les journalistes» samedi lors des manifestations des «gilets jaunes», Reporter sans frontières (RSF) par la voix de son président Christophe Deloire a condamné dimanche sur Twitter les «violations des consignes de respect de la liberté de la presse». Il a également appelé Christophe Castaner «à ordonner les enquêtes et sanctions nécessaires et à restituer le matériel confisqué pour tous les journalistes, quel que soit leur statut». Samedi, tout au long de la quatrième journée de mobilisation des «gilets jaunes» dans Paris, des journalistes et photographes du Parisien, du JDD, de Libération, du Figaro ou de l'agence de presse audio A2PRL ont rapporté avoir été malmenés voire blessés par des tirs d'engins type «flash-ball».
Nous condamnons ces violations des consignes de respect de la liberté de la presse et appelons le ministre de l'intérieur à ordonner les enquêtes et sanctions nécessaires et à restituer le matériel confisqué pour tous les journalistes, quel que soit leur statut @RSF_inter https://t.co/30fAD4LTUw
— Christophe Deloire (@cdeloire) December 9, 2018
Su Twitter, samedi, le Syndicat national des journalistes (SNJ) avait également réagi à précisant que tout incident devait faire l'objet d'un signalement auprès de l'IGPN. «Le SNJ s'associera aux plaintes des consoeurs et confrères qui le souhaiteront», ajoutait le syndicat.
Près de 2 000 interpellations samedi en France
Près de 2 000 personnes ont été interpellées en France samedi en lien avec les manifestations des «gilets jaunes», a indiqué le ministère de l’Intérieur dimanche, qui avait mis en place un dispositif policier exceptionnel pour l’occasion.
Ces interpellations ont donné lieu à plus de 1 700 gardes à vue, selon ce bilan définitif de l’acte IV de ce mouvement, qui a mobilisé 136 000 personnes.
Nancy : libération du président des Amis de la Terre après une nuit en garde à vue
Interpellés samedi à 15h10 à l'issue de la marche pour le climat organisée à Nancy, le président des Amis de la Terre Florent Compain et un membre du Mouvement pour une Alternative Non-violente Denys Crolotte ont été libérés ce dimanche à la mi-journée, a informé l'ONG dans un communiqué. Après avoir passé 21 heures en garde à vue, le militant écologiste, qui s'«attend[ait] à ces poursuites» pour «organisation d'une manifestation interdite», encoure jusqu'à 6 mois de prison et 7 500 euros d'amende. «On avait dit qu'on n'annulerait pas la manifestation et qu'on se donnerait les moyens de garantir la non-violence», a-t-il réagi auprès de Libération regrettant l'absence de dialogue avec la préfecture de Meurthe-et-Moselle. Le parquet de Nancy confirme qu'une enquête préliminaire est bien en cours.
Royal fustige des «décisions mal préparées»
Ségolène Royal a fustigé dimanche des «décisions mal préparées» par le gouvernement ayant conduit, selon elle, à la crise des «gilets jaunes» en raison de leur impact sur le pouvoir d'achat, en faisant référence à l'augmentation de la CSG, la baisse de 5 euros de l'APL et les augmentations des prix de l'énergie. Pour Ségolène Royal, une revalorisation significative du SMIC et des bas salaires serait «un élément d'apaisement très fort». Elle a par ailleurs défendu l'interpellation des lycéens à Mantes-la-Jolie qui a attisé les tensions, en disant que «ça leur fera un souvenir. Et (que) c'est pas mal pour leur redonner le sens de la réalité».
Le Drian appelle à un «nouveau contrat social»
Le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, poids lourd de l'aile gauche de la majorité présidentielle, a appelé dimanche à un «nouveau contrat social» avec les Français. Il a également exhorté le président américain Donald Trump, qui a commenté par une série de tweets critiques le mouvement des Gilets jaunes en France, à ne pas se mêler de politique intérieure française.
Un total de 1 082 interpellations samedi à Paris
Les forces de l’ordre ont procédé à un nombre record de 1 082 interpellations samedi à Paris, selon les chiffres de la préfecture de Paris, dimanche. A titre de comparaison, 412 personnes avaient été interpellées lors de la mobilisation du 1er décembre.
Dimanche 10 heures : la voiture d’une députée LREM de Dordogne incendiée
La voiture d'une députée LREM de Dordogne Jacqueline Dubois, ainsi que celle de son mari, ont été incendiées samedi soir devant leur domicile de Vezac, a-t-on appris dimanche de sources concordantes. L'élue a appelé à «faire la part des choses» et a dit «ne pas accuser les gilets jaunes».
L'incendie, très vraisemblablement volontaire, a été révélé dans la nuit par un tweet du président du groupe La République en Marche à l'Assemblée nationale Gilles Legendre, qui a exprimé sa condamnation «sans réserves», et a été confirmé par les services de secours et la gendarmerie, qui a ouvert une enquête.
Dimanche 9 h 30 : «les gilets jaunes ont fait plus de dégâts à Paris que le le 1er décembre», selon Emmanuel Grégoire
La mobilisation des «gilets jaunes» samedi à Paris a fait «beaucoup plus de dégâts» matériels que celle du 1er décembre, a estimé dimanche Emmanuel Grégoire, 1er adjoint de la maire PS Anne Hidalgo.
«Le secteur concerné par les incidents était beaucoup plus important […]. En ayant moins de barricades, il y a eu beaucoup plus de dispersion, donc beaucoup plus de lieux impactés par des violences», a-t-il expliqué sur France Inter. Et d'ajouter qu'il y a «un coût économique beaucoup plus important», dû notamment aux très nombreux commerces restés fermés dans ce qui est traditionnellement un temps fort des achats avant les fêtes.
20 heures : déchaînement puis dispersion à Bordeaux
Au niveau du cours Victor-Hugo, des manifestants (en grande majorité sans gilets jaunes) cassent les abribus, brûlent les voitures, arrachent le mobilier urbain. Certains rentrent même dans les immeubles pour prendre les portes, les volets et les étagères afin d'alimenter plusieurs brasiers géants. Plusieurs camions de pompiers se sont avancés avec des jets d'eau ultra puissants afin d'éteindre les incendies. Une épaisse fumée noire a envahi toute la rue. Les CRS sont en nombre et s'apprêtent à charger, mais face à eux certains ont emmené des douilles. La situation a totalement dégénéré. Les riverains se calfeutrent et se barricadent chez eux pour ne pas se faire piller ou agresser. Les commerces ont baissé les rideaux. Après la charge des CRS, c'est la dispersion. Reste simplement la violence. Et l'incompréhension. Du jamais vu à Bordeaux. E.F.
Ce samedi, dans les rues de Bordeaux. Photo Thibaud Moritz pour Libération
19 h 50 : tirs et pluie de lacrymos à République
Paris, place de la République, un peu avant 20 heures, la situation est encore tendue. Une barricade érigée avec des plaques de bois censées protéger les magasins est vite dégagée par une charge de policiers. Sur fond de pluie de lacrymo et de nombreux tirs de balles de défense, les forces de l’ordre procèdent à plusieurs interpellations. Des manifestants sont emmenés, menottés et blessés au visage. Il s’agit de groupes épars où l’on n’aperçoit que très peu de gilets jaunes. Au dessus de la place, un hélicoptère tourne toujours à basse altitude.
19 h 35 : des «mesures» pour retisser l’union nationale seront proposées par Macron
Le Premier ministre, Edouard Philippe, a déclaré, samedi, lors d'une visite au ministère de l'Intérieur que «le dialogue a commencé» et qu'«il faut désormais retisser l'unité nationale». Il a ajouté : «Le président de la République s'exprimera. Il lui appartiendra de proposer les mesures qui viendront nourrir ce dialogue et qui permettront, je l'espère, à l'ensemble de la nation française de se retrouver et d'être à la hauteur des enjeux qui sont déjà là et qui vont continuer à se poser dans les années qui viennent.»
19 h 31 : 125 000 manifestants en France ce samedi, 1 385 interpellations selon Castaner
Lors d'une déclaration ce samedi soir, Christophe Castaner, ministre de l'Intérieur, a annoncé qu'environ 125 000 manifestants ont été comptabilisés sur l'ensemble du territoire, dont 10 000 gilets jaunes à Paris. 118 blessés ont été recensés du côté des manifestants, «liés pour l'essentiel à des incidents sur le domaine routier», et 17 du côté des forces de l'ordre. «Il y a eu 1 385 interpellations, à l'heure où je vous parle, et ce chiffre va encore progresser. Il y a eu 975 gardes à vue et ce chiffre va encore progresser», a déclaré le ministre depuis la place Beauvau. «C'est un niveau exceptionnel.»
18 h 35 : une soixantaine de blessés hospitalisés à Paris
Une soixantaine de personnes ont été accueillies samedi dans les hôpitaux parisiens pour des blessures, majoritairement sans gravité selon un décompte établi à 17 heures par l’AP-HP. Le week-end dernier, près de 162 blessés avaient été pris en charge par les hôpitaux parisiens. A Bordeaux, une personne a été grièvement blessée lors des heurts avec la police.
18 h 30 : dispersion des groupes à Paris
En fin d'après-midi, il reste essentiellement à Paris des groupes épars, chassés par les policiers et les gendarmes au rythme des magasins pillés et des barricades improvisées, notamment autour de la gare Saint-Lazare, dont il n'est pas possible de sortir sauf en passant par un souterrain car les CRS encerclent son parvis. Les Champs-Elysées sont à peu près vidés. F.D.
18 h 15 : 17 000 à 25 000 participants à la marche pour le climat dans Paris
La manifestation écologiste a rassemblé 17 000 personnes selon la police (25 000 selon les organisateurs) entre Nation et République. C'est à peu près autant que lors des deux événements précédents (14 500 en septembre et 18 500 en octobre).
D'autres marches en France ont rassemblé beaucoup de monde : 10 000 à Marseille, 3 000 à Lille. Dans les deux cas, les cortèges ont ensuite convergé avec les manifestations moins nombreuses des gilets jaunes. «Il était impensable d'annuler cette marche. Il était important de parler des problèmes de fin du monde et du mois, c'est la même chose», a lancé aux manifestants, Elodie Nace, porte-parole d'Alternatiba, l'un des organisateurs.
Dans le Finistère, la maison de François de Rugy taguée
La résidence secondaire du ministre de la Transition écologique et solidaire, François de Rugy, sur l'île d'Ouessant a été taguée la nuit dernière de slogans anti-gouvernementaux, a indiqué samedi à l'AFP la préfecture du Finistère, confirmant une information de Ouest-France. La façade et les fenêtres de la maison du ministre de la Transition écologique ont été dégradées, a précisé de son côté le maire d'Ouessant Denis Palluel, citant parmi les inscriptions lisibles «Gilet jaune», «Vendu».
17h40: barricade à Bordeaux
La situation se tend vraiment à Bordeaux. Des manifestants forment une barricade rue du maréchal Joffre. Plots de chantier, poubelles, branches d'arbres, des centaines de gilets jaunes font brûler tout ce qu'ils peuvent pour bloquer les forces de l'ordre. Devant l'hôtel de ville, l'un des deux blindés de la gendarmerie (VRBG) s'est avancé pour faire face aux manifestants. Les gilets jaunes qui se revendiquent «pacifistes» commencent à rentrer chez eux pour ne pas prendre part aux affrontements. E.F.
17h35: les Champs-Elysées s’illuminent
Sur les Champs-Elysees, le rassemblement se poursuit, entre les arbres désormais illuminés (en rouge) de l'avenue. Deux gros points d'attroupement au centre sont à dénombrer. Les «Macron démission» et d'autres slogans beaucoup moins polis résonnent. Les forces de l'ordre font pleuvoir les gaz lacrymogènes depuis 30 minutes pour disperser la foule qui continue de protester et chargent par intermittences. Beaucoup de mouvements brusques depuis quelques minutes. J.L.
17h20: des incidents à Marseille
La canebiere et les rues voisines sont envahies par les manifestants: les gilets jaunes, mais aussi des militants de Noailles, qui brûlent des poubelles. La gendarmerie a déployé deux blindés et ripostent par des gaz lacrymogènes, tirant dans le tas. On compte sept interpellations et deux blessés légers (17 et 30 ans). S.H.
17h15: 737 interpellations dans Paris.
Au milieu de ces interpellations, celle de Julien Coupat. En France, on arrive à 950 interpellations et 724 gardes à vue.
16h20: gilets jaunes contre casseurs à Bordeaux
Le face à face entre les forces de l’ordre et les manifestants se poursuit devant l’hôtel de ville à Bordeaux depuis environ 1h30. Une poignée de fauteurs de troubles continue de lancer des pétards, des fumigènes, des bouteilles d’alcool, des pavés, des panneaux de signalisation et même une trottinette. Pour apaiser les esprits, des gilets jaunes entonnent une Marseillaise. Mais très vite la tension monte à nouveau.
Quelques CRS répliquent en se hissant sur le toit de la mairie pour lancer des bombes lacrymogènes. Dans d'épais nuages irritants, les manifestants se dispersent. L'accalmie dure seulement quelques minutes. Puis d'autres reviennent à la charge. Quelques gilets jaunes tentent d'exfiltrer ceux qu'ils appellent «les casseurs» pour éviter un affrontement frontal. «C'est désolant nous sommes un mouvement pacifiste, ce n'est pas ça les gilets jaunes». E.F.
16h45: 10 000 personnes à la marche pour le climat à Grenoble
Environ 10 000 personnes derrière la banderole «Changeons le système, pas le climat». «Nous somme encore Plus que la dernière fois» estiment les organisateurs, en référence à la 1re marche grenobloise qui avait déjà réuni 10 000 personnes. Une marée humaine intergenerationelle, festive, parsemée de quelques centaines de gilets jaunes éparpillés dans la masse. F.C.
16 heures: face-à-faces tendus entre manifestants et CRS à Lille
Plusieurs face à face tendus ont eu lieu entre protestataires ayant envie d'en découdre et CRS, pendant la manifestation des gilets jaunes, mais pour l'instant, ils n'ont pas dégénéré en affrontements, les plus âgés réussissant à calmer les plus jeunes. Le défilé, à géométrie variable, qui s'est gonflée au fil du cortège, a rassemblé jusqu'à environ 1 500 personnes. Les profils sont variés : jeunes amusés par leur première manif, gilets jaunes de la première heure, qui ont quitté les ronds-points pour faire masse à Lille, classes moyennes aisées, venues en soutien au mouvement, militants d'extrême gauche. Il devait rejoindre la Marche pour le climat, place de la République. «Pour moi, c'est pareil : le climat, on ne pourra pas le défendre avec un Président comme celui-là», estime Armelle, enseignante. S.M.
16h28: des véhicules incendiés
Dispatchés autour de la place de l'etoile, des manifestants incendient çà et là des véhicules qui ont le malheur de se trouver sur leur chemin, comme cette camionnette avenue d'Iena. Un gilet jaune a tenté de raisonner les auteurs de l'incendie : «arrêtez, on est pacifistes». Viré à coups de pompe. «Je vais t'en foutre des «pacifistes», connard». Un jeune, pull à capuche, passe derrière. 14 ans peut être, n'a pas encore mué : «mais moi je fais ça pour le plaisir. Je m'en bats les couilles de Macron.»
On a retrouvé notre couple de l'Essonne, avec qui le dialogue avait été interrompu par les lacrymos. Il ironise sur le fait de s'être retrouvé dans «le groupe de ce qu'ils appellent « les "casseurs "». Elle : «On n'est pas participants mais c'est le résultat de Macron, de son mépris». F.D. et T.B.
16h10: 1 000 interpellations en France, 651 à Paris
L’AFP annonce de source policière qu’il y a eu aujourd’hui près de 1 000 interpellations en France dont plus de 720 gardes à vue. Cela concerne essentiellement Paris avec 651 interpellations dont 536 gardes à vue.
16h10: les gilets jaunes à moto
La situation est particulièrement confuse aux alentours de la place de l'Etoile, où ont débarqué dans l'avenue Hoche, par la rue de Tilsitt, une bonne cinquantaine de gilets jaunes à moto. Ils ont rebroussé chemin en voyant monter vers eux un mur de gendarmes mobiles. F.D.
16 heures: shopping de Noël compromis aux Halles
Ça aurait dû être la première grosse journée à l'approche de Noël pour les magasins du centre de Paris. A quelques centaines de mètres de la mobilisation des gilets jaunes, le quartier est pourtant bouclé. Les boutiques sont pour la plupart fermées, celles qui sont ouvertes, comme la boutique Hermès, se préparent «à fermer au plus vite» en cas d'invasion. Certains manifestants rôdent au milieu des touristes. Des boutiques ont affiché des gilets fluorescents en vitrine, peut être dans l'espoir d'être épargnés. L'ambiance tourne à la psychose au forum des halles où on imagine une horde de gilets jaunes casseurs débarquer d'un moment à l'autre. «On va peut-être devoir fermer à 17h ou 18h à cause de ce qu'il se passe. Ça me fait un peu peur, il n'y a pas de dispositif de sécurité», dit une vendeuse. Au Darty, le rideau est à moitié fermé, la clef prête à être actionnée peu importe si les clients sont encore à l'interieur. «Ils sont partout au dessus, la couleur jaune fait peur à la France», avance l'agent de sécurité.
15h45: 25 000 personnes à Paris selon les organisateurs de la Marche pour le climat
Le cortège avance vers la place de la République ou des prises de parole et un concert sont prévus, le speaker vient d'annoncer que 25 000 personnes auraient participé aujourd'hui à la Marche pour le climat où l'ambiance est toujours très bon enfant malgré le froid. A.D.
15h30: la tension monte à Bordeaux
Changement de programmeà Bordeaux. Les gilets jaunes se massent devant l'hôtel de ville. Un seul mot d'ordre : «Macron demission». Sur la route des manifestants, les rideaux métalliques des commerces se ferment un à un. Plusieurs commerçants s'inquiètent d'être vandalisés :» c'est un crève coeur mais on préfère anticiper si ça dégénère. C'est un gros manque à gagner trois semaines avant les fêtes de noël» commente un bijoutier. À leur tour, les Galeries Lafayette rue Sainte-Catherine décident de fermer. Les places et les rues de l'hyper-centre, d'habitude noires de monde, sont peu à peu désertées. Seul le jaune reste. Devant la mairie, un important cordon de sécurité est formé par les forces de l'ordre pour empêcher certains manifestants de rentrer.
La tension commence à monter. Un projectile lancé sur les forces de l'ordre provoque l'agitation de la foule. Très vite, les CRS répliquent avec des lacrymogènes pour disperser les manifestants. Des pétards explosent et provoquent de petits mouvements de panique. Les yeux rougissent, la gorge gratte, beaucoup préfèrent s'éloigner. Une dame fait un malaise, les gilets jaunes appellent au secours. E.F.
15h19: «la police avec nous»
Une petite foule de manifestants se pose face aux gendarmes qui gardent l'accès à l'arc de triomphe en haut des Champs-Elysées. «La police avec nous», chante-t-elle, devant ces forces de l'ordre beaucoup moins impopulaires que les CRS. Un drapeau «armée catholique de France», qui proclame «vive le roi», flotte au-dessus de l'attroupement.
A côté, deux jeunes gilets jaunes s'agacent :«c'est tout, on se pose devant les huit camions ? Il faut les retourner !» Comme une bonne partie des gens présents, on attend maintenant qu'il se passe quelque chose. Un des leaders de la petite foule donne le signal du retrait : «bon, on va en bas». Et le groupe repart au son des «Macron démission».
15h15: la foule recule avenue de Friedland
Le gros de la foule a reculé sous la pression des lacrymos avenue de Friedland, jusqu'à revenir sur le boulevard Haussmann, non sans incendier quelques voitures et briser quelques vitrines au passage. Les planches installées sur certains magasins pour les protéger sont retirées en quelques minutes et s'embrasent En quelques secondes, libérant d'epais Panaches de fumée noire. La police semble être parvenue à diviser le cortège, dont une partie, talonnée par des CRS et leurs camionnettes, remonte l'avenue de Messine, jusqu'à l'entrée du parc Monceau, au rythme des grenades assourdissantes. F.D.
A 15h05 on compte 615 interpellations à Paris dont 508 placements en garde à vue.
Les protections de vitrines utilisées comme barricades
En haut des Champs-Elysees, à la sortie de la rue de Presbourg, les CRS ramassent des panneaux de bois déposés sur l'avenue. Provenant des magasins aux alentours, pour la protection des vitrines, ils ont servi de barricades mobiles à des manifestants qui ont avancé vers les forces de l'ordre stationnées là, pour leur jeter des projectiles. La situation reste tendue, se crispant au gré des envois de gaz lacrymogène, provoquant parfois de légers mouvements de foule. J.L.
En haut des Champs, les CRS ramassent des panneaux de bois qui ont servi de barricades mobiles pic.twitter.com/PwJl2WQ8z3
— Jérôme Lefilliâtre (@jlefilliatre) December 8, 2018
A la marche pour le climat : «gilets jaunes, planète bleue, tous en vert»
Le Casino baisse son store alors que le cortège arrive, en musique, au boulevard de Ménilmontant. Les slogans, nombreux, sont conformes au mot d'ordre: «justice écologique et justice sociale». Pot pourri des panneaux vus : «gilets jaunes, planète bleue, tous en vert», «sauve un panda, taxe un banquier», «changeons le système, pas le climat» A.D.
13h45: à Bordeaux, les gilets jaunes vers la place de la Victoire
Des gilets jaunes, genoux à terre, mains sur la tête. L'image est saisissante. Sur la place de la Bourse, près d'un millier de manifestants se sont agenouillés en référence à la centaine d'étudiants arrêtés aux abords d'un lycée de Mantes-la-Jolie. «On veut également montrer que notre mouvement est pacifiste» soufflent deux jeunes femmes. Après quelques prises de parole, le cortège décide de se diriger vers la place de la Victoire «pour venir en aide à des lycéens» qui selon les gilets jaunes se seraient fait gazer par les forces de l'ordre. Plusieurs groupes commencent à entonner la Marseillaise tandis que d'autres scandent en coeur «Macron démission». On aperçoit dans le défilé une poignée de manifestants cagoulés et masqués qui commencent à sortir les masques «au cas où». Dans un sac, une batte de baseball. «C'est à cause d'eux que notre mouvement perd en crédibilité» déplore Francis, 51 ans qui manifeste pour la première fois de sa vie «car il n'en peut plus de finir ses fins de mois à découvert».
Sur les quais, des motards font vrombir leurs moteurs. À coté de la marche pour le climat qui part dans l'autre direction, le contraste est fort et n'est pas du goût de tout le monde, certains se demandent s'ils ne vont pas rentrer. 14h15 La marche continue et la pression monte petit à petit. Déjà des membres des forces de l'ordre se préparent à ce que la situation dégénère. E.F.
Donald Trump régale
Sur Twitter, le président américain trolle Emmanuel Macron avec un commentaire avisé : «L'accord de Paris ne fonctionne pas si bien pour Paris. Protestations et émeutes dans toute la France. Les gens ne veulent pas payer de grosses sommes d'argent, beaucoup aux pays du tiers monde (à la gestion contestable), dans le but de peut-être protéger l'environnement. Ils scandent «nous voulons Trump!» J'aime la France.»
14h10: La marche pour le climat s’élance à Paris
La troisième marche de l'année pour le climat vient de partir de la place de la Nation. Alors que les Champs-Elysées s'embrasent, tout est calme et bon enfant, les manifestants continuent d'affluer au son des fanfares et des slogans habituels («on est plus chauds que le climat», «Et 1, et 2, et 3 degrés, c'est un crime contre l'humanité»). Quelques commerces sont fermés et barricadés (des supermarchés, des banques, etc), d'autres comme cette auto-école affichent des gilets jaunes en vitrine.
En gilets jaunes aussi le cordon d'encadrement non-violent de 200 bénévoles qui a pris la tête du cortège vers République, via Père-Lachaise. Avant le départ, Manuel, estimait qu'«on a deux ans pour une mobilisation générale à en croire le Giec. Aujourd'hui ce qui bloque c'est la finance. Tout bouge, mais ça peut mal tourner. Les gilets jaunes y'a pas de souci mais il faut qu'ils prennent conscience de nos problématiques, d'ailleurs ils ont déjà bougé et ça bouge encore.» Plus loin, Cécile (72 ans) arbore un autocollant EELV sur son gilet jaune, «parce que c'est pas les start-up et le CAC40 qui doivent diriger le monde. Ceux qui doivent changer les choses c'est nous, les petits. Là c'est grave parce que les gens ne sont ni écoutés, ni respectés » A. D.
13h40: A Paris, au milieu des lacrymos, le «trop plein de taxes»
Une partie du cortège de Saint-Lazare est parti vers l'avenue de Friedland en direction de la place de l'Etoile, un des points chauds de samedi dernier. Plusieurs centaines de personnes se trouvent là, face à la police qui verrouille l'avenue. On croise un couple de gilets jaunes venus de Mennecy, dans l'Essonne. «Je suis un simple employé, enfin un cadre», explique l'homme, la quarantaine, qui se lance ensuite dans une explication de son ras-le-bol, lié au «trop plein de taxes». Il regrette qu'en dehors des taxes sur le carburant, il n'y ait pas de «vrai plan de transition écologique». Ont-ils eu peur de venir ce samedi à Paris, vu la montée en pression politique et médiatique ? «Au contraire, ça m'a encouragé…» commence-t-il à expliquer avant que plusieurs détonations retentissent à proximité et que l'on se retrouve plongés dans l'âcreté des lacrymos. On le perd. F.D.
13h30: 31 000 manifestants et 700 interpellations en France selon le gouvernement
Le secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Intérieur Laurent Nunez a annoncé à la mi-journée un total de 31 000 manifestants sur l’ensemble du territoire (chiffre comparable à celui de samedi dernier) ainsi que 700 interpellations. Interrogé sur France 2, il a précisé les chiffres parisiens : 8 000 manifestants et près de 600 interpellations.
13 heures: à Nice, les gilets jaunes bloquent la frontière avec l’Italie
Les gilets jaunes s'offrent un air de dolce vita. «Il fallait faire une action inédite, annonce Céline, leader niçoise. Dans les Alpes-Maritimes, on n'avait pas beaucoup d'options. On a déjà fait les péages, l'autoroute, les centre-commerciaux.» Alors, ils sont partis direction l'Italie, à l'est du département. Depuis 12h30, près de 200 manifestants filtrent la frontière dans le sens France-Italie et bloquent la circulation dans le sens Italie-France. Surpris, les policiers italiens négocient pour que les camions puissent faire demi-tour. «On comprend rien», feignent les gilets jaunes. Les trois poids-lourds déjà engagés après le péage peuvent rebrousser chemin. Les autres restent bloqués au péage de Vintimille. «Le but, c'est de tendre la main aux Italiens, explique-t-elle. Les soucis ne sont pas que français, ils sont européens. C'est symbolique.» Mais à la frontière, aucun gilet jaune transalpin.
A peine arrivés, déjà installés. Les gilets jaunes ont sorti barbecue, fumigènes, groupes électrogènes. Et font chauffer l’eau des pâtes. Les manifestants filtrent la frontière franco-italienne sur l’autoroute A8. pic.twitter.com/vkPzd9OjPP
— Mathilde Frénois (@MathildeFrenois) December 8, 2018
Aussitôt arrivés, aussitôt installés. Enceinte, fumigènes, barbecue, groupe électrogène sont sortis sur le bitume en moins de dix minutes. «On fait cuire des pâtes en Italie», sourit Céline, qui a troqué sa doudoune moutarde pour une casquette camouflage. M.F.
12h30: à Bordeaux, la place Pey-Berland quadrillée par tous les corps de police
Pour le quatrième samedi consécutif, les gilets jaunes ont prévu de se mobiliser à nouveau à Bordeaux. Le rendez-vous pour la manifestation, non déclarée en préfecture, est donné à 14 heures, place de la Bourse. Pour l'instant, la matinée a été calme, mais un important dispositif de sécurité a été mis en place devant l'hôtel de ville, où des affrontements entre manifestants et forces de l'ordre avait dégénéré le week-end dernier en fin de soirée. Cette fois-ci, la place Pey-Berland est quadrillée par tous les corps de police.
Rarement utilisés en métropole, deux blindés de la gendarmerie sont également postés devant la mairie et suscitent l'interrogation des riverains pendant que quelques gilets jaunes sont encore sur place pour prendre la température avant de rejoindre le cortège. «Nous voulons absolument éviter que les violences de la semaine dernière ne se reproduisent. L'idée serait que la marche ne passe pas devant l'hôtel de ville» indique un manifestant, drapeau français à la main. Une jeune femme, venue rendre visite à ses amis bordelais, s'arrête, interloquée : «C'est effrayant, d'habitude cette place est noire de monde, surtout à l'approche des fêtes.» E.F.
12h30: une charge musclée pour éloigner les gilets jaunes de la place de l’Etoile
A 12h30, les gendarmes mobiles ont effectué une charge très musclée pour éloigner les gilets jaunes de la place de l'Etoile. Plusieurs grenades ont été lancées quasi simultanément, leur souffle faisant chuter plusieurs manifestants. Certains, touchés aux jambes, ont été évacués dans les rues adjacentes. Depuis environ 10 heures, la situation est extrêmement tendue, avec plusieurs milliers de gilets jaunes massés sur les Champs-Elysées. Les forces de l'ordre gazent très régulièrement pour contenir la foule. Une vive agressivité est opposée aux journalistes. Certains photographes de presse ont été forcés de quitter les lieux sous peine d'être tabassés. Les caméras de télévision, massées en haut du drugstore Publicis, recueillent une pluie d'insultes. W.L.D.
A 12h30, les compteurs atteignent 554 interpellations dont 335 gardes à vue.
12h24: «C’est la France des campagnes pauvres qui est là»
Les manifestants ne seront restés qu'une heure place de la Bastille. Ils sont partis peu après 10 heures pour rejoindre les Champs-Elysées. Ils sont arrivés vers midi, après avoir traversé les ruelles du Marais, les rues piétonnes du centre Georges Pompidou et du quartier des Halles. Ils ont marché un peu au hasard, au gré des rues bloquées par la police aux abords de l'Elysée, dans une ambiance calme. «Il n'y a personne de Paris en fait ici ?» demandait un homme d'une trentaine d'années. «Non, c'est la France des campagnes pauvres qui est là», lui a répondu une jeune femme. L.M.
12h14: «Si j’avais les sous, ça ne me dérangerait pas de payer mon carburant 1,70€ le litre.»
Au début, il a un peu hésité à rejoindre les gilets jaunes. Mais Mickaël, qui bosse au centre technique de Renault Lardy (Essonne) depuis dix-huit ans, a été convaincu «par l'ajout des revendications sur les salaires, qui est venue assez rapidement». «Moi, si j'avais les sous, ça ne me dérangerait pas de payer mon carburant 1,70€ le litre.» Comme tout le monde, il attend, avec des collègues et une banderole, de voir par où va bouger le cortège, sévèrement encadré par les canons à eau et les lignes de policiers. Il est là aussi contre la précarisation de l'emploi – la moitié des 2 500 salariés de son centre sous en sous-traitance, dit-il. F.D.
12h11: situation tendue rue Arsène-Houssaye
A l’angle de la rue Arsène-Houssaye et des Champs-Elysées. Photo Marc Chaumeil pour Libération
La situation au croisement des Champs-Elysées et de la rue Arsène-Houssaye est extrêmement tendue. Les gilets jaunes invectivent les barricades, au son de «Macron démission» ou «CRS enculés». La multiplication des barrages filtrants et des fouilles a eu pour effet de priver les manifestants de projectiles. Seuls quelques gros pétards sont parfois envoyés sur les forces de l'ordre. Méthodiques, ces dernières multiplient les manœuvres afin de former une nasse de plus en plus serrée. W.L.D.
Le nombre d’interpellations s’élevait à 548 à 12h10 dans Paris.
A Lille, un blocage «père tranquille» boulevard de la Liberté, vite levé
A Lille, le rassemblement pour la manifestation des gilets jaunes n'est prévu qu'à 13h30, pour un départ à 14h30, mais déjà une poignée de gilets jaunes sont présents place de la République, face à la préfecture. Vers 11h30, ils ont commencé à vouloir filtrer la circulation boulevard de la Liberté, une des artères principales de Lille, façon père tranquille, en traversant au feu rouge, sur les passages piéton, et en traînant la patte. Deux agents de la police nationale ont vite mis le holà, en menaçant de les verbaliser. S.M.
11h50: gilets jaunes, cheminots et collectifs antiracistes bloqués Saint-Lazare
Où aller ? Question difficile qui se pose au cortège regroupant cheminots, gilets jaunes et collectifs antiracistes et anticapitalistes qui s'est élancé de Saint-Lazare. Bloquée de longues minutes dans la rue de Caumartin, dont la sortie était barrée par un canon a eau, la foule a fini par revenir rue Auber, elle aussi sévèrement encadrée, avant de tenter une percée rue des Mathurins. Même si l'ambiance reste pacifique et bon enfant, les manifestants ne cachent pas leur agacement devant l'ampleur du dispositif, qui semble conçu pour empêcher tout épanouissement de la manifestation. «Notre force est aussi notre faiblesse : on est nombreux, ce qui permet à la police d'anticiper nos déplacements», dit Youcef Brakni, du comité Adama. Il espère que les choses bougeront cet après-midi, avec l'arrivée de renforts. F.D.
11h18: «Macron, on a l’impression qu’il se fout de nous. Il attend juste que ça passe»
Hélène, 34 ans, et Virginie, 31 ans, ont mis leur écharpe autour du nez pour se protéger des gaz. Ça chauffe un peu, pas loin, rue Arsène-Houssaye. Echanges de pétards contre lacrymo. Hélène est ouvrière dans l'imprimerie, Virginie fonctionnaire. Les deux femmes arrivent de Bernay, dans l'Eure. Elles sont venues parce que «Macron, on a l'impression qu'il se fout de nous. Il attend juste que ça passe». Que pensent-elles du dispositif policier ? «C'est n'importe quoi c'est pas légitime. Ils nous empêchent de manifester. Nous on veut simplement l'augmentation des salaires et des retraites.» Virginie : «Si le Président ne réagit pas, le mouvement continuera, et il va y avoir des drames.» T.B.
11h11: à Nice, pas de blocage mais des filtrages
Réunion au sommet sur le parking de l'Allianz Riviera. Samedi matin dès 10 heures, les gilets jaunes se sont rassemblés près du stade de Nice pour décider du planning de la journée. «On n'essaie pas de vous diviser, on fait des sondages», rassure derrière son micro Céline, l'une des leaders de la première heure. Elle a enfilé sa doudoune moutarde malgré les 16°C de l'air azuréen. C'est un vote à main levée qui départage finalement le groupe de 300 personnes : d'un côté les pompiers mobilisés filtreront le péage Saint-Isidore à l'ouest de Nice, de l'autre le reste des gilets jaunes prendront la direction de la frontière italienne, au péage de la Turbie. Ils ralentiront la circulation sur l'autoroute A8. Céline continue de donner ses instructions : «Pas de blocage mais des filtrages. Ça fera moins la pagaille.» Il est 11 heures, elle prend la route avec une centaine de gilets jaunes vers la frontière. M.F.
11 heures: 481 interpellations et 211 gardes à vue
Le Premier ministre a annoncé le nombre d'interpellations. A 11 heures, il a déjà dépassé celui de la journée de samedi 1er décembre.
EN DIRECT | Déclaration au ministère de l'Intérieur #8Décembre https://t.co/FGJapJeJqT
— Gouvernement (@gouvernementFR) December 8, 2018
10h48: gilets jaunes et cheminots face à Saint-Lazare
Face au canon à eau devant la Gare Saint-Lazare, des gilets jaunes et des cheminots se désespèrent à l'avance du dispositif policier. «Ils veulent fouiller tout le monde. Ça va être compliqué…» dit un cheminot de Gare du Nord. «Soit le cortège se désagrège, soit les gens essayent de passer en groupe, mais ça va mal finir.» Avec une collègue, ils regrettent que «depuis samedi dernier, on ne parle que des violences de ce samedi. Les politiques et les médias ne se sont pas intéressés par les revendications.» En définitive, un cortège se lance dans la direction opposée, en direction de Trinité-d'Estienne-d'Orves. F.D.
10h30: premières échauffourées près des Champs-Elysées
Des échauffourées ont éclaté vers 10h30 rue Arsène-Houssaye, un groupe s'étant approché des gendarmes mobiles aux cris de «Macron on t'encule» et «tous ensemble ouais». Des gens sont montés sur des barrières de protection et sont repartis en courant quand les gendarmes ont envoyé la lacrymo, ce qui n'a plu à personne mais a vidé la rue. T.B.
10h40: cheminots, FI et NPA à Saint-Lazare
Des gilets jaunes affluent par grappes sur le parvis de la Gare Saint-Lazare où se sont donné rendez-vous ce matin des cheminots, le Comité Adama, des collectifs antifascistes ou encore le NPA. On repère quelques figures médiatiques de gauche : les députés FI Eric Coquerel et Clémentine Autain, l'écrivain Edouard Louis… Des policiers fouillent les sacs à la sortie du métro, et un important dispositif encadre la place, semblant bloquer les accès vers l'Opéra et le boulevard Haussmann, deux parcours empruntés par les manifestants samedi dernier. Un camion a eau a même été rameuté. F.D.
10h35: un millier de gilets jaunes à Grenoble
Plus d'un millier de gilets jaunes se sont rassemblés ce matin dans un parc public du centre-ville de Grenoble avec l'intention de marcher vers la préfecture, où ils souhaitent être reçu par le préfet.
Au moment de se mettre en route, les manifestants se sont retrouvés face à un cordon de police. L'un des porte-parole des gilets jaunes grenoblois, Julien Terrier, a été immédiatement interpellé et placé en garde à vue pour «manifestation non autorisée». Les gilets jaunes ont contourné le barrage et partent en cortège dans la ville. F.C.
10h27: les Champs-Elysées, parc d’attraction pour manifestants
Les Champs-Elysées avaient ce matin des allures de parc d'attraction pour manifestants. Des dizaines de gilets jaunes, dont une partie de policiers en civil, déambulant sur l'avenue l'air perdu entre les devantures barricadées et les cordons de CRS ou gendarmes mobiles. Aucun débordement à signaler à 10 heures si ce n'est quelques chansons en direction de la police ou d'Emmanuel Macron, très souvent à propos de leur anatomie ou de leur préférence sexuelle. Bruno, 56 ans, et sa fille Maud, 21 ans, sont arrivés ce matin de Charente, pour leur première manifestation à Paris. L'homme, ouvrier à l'usine, raconte avoir vu sa voiture fouillée à peine à peine arrivé dans le secteur. Les policiers lui ayant confisqué un masque de protection, que Bruno avait apporté «au cas où». Les deux hallucinent du nombre du dispositif policier disproportionné. «Ils ont peur de quoi ? Les gens sont seulement là pour manifester, s'étonne Bruno. Ils pensent que ça va s'arrêter comme ça mais dans les campagnes, les gens sont cent fois plus déterminés.» Sa fille ajoute : «C'est tellement profond comme malaise. Moi par exemple : en tant que jeunes, on n'a pas d'avenir.» T.B.
10 heures: quelques centaines de gilets jaunes place de la Bastille
Le nombre d’interpellations s’élève désormais à 343 dans Paris.
9 heures: 317 interpellations à Paris
A la gare Montparnasse, les policiers mettent des rames entières contre les murs pour effectuer des contrôles et des fouilles. Au moindre masque à gaz découvert, son possesseur est interpellé. On compte à 9 heures déjà 317 interpellations dans Paris uniquement. Samedi 1er décembre, le nombre d'interpellations pour toute la journée était de 412. W.L.D.
8 heures: premières gardes à vue à Paris
121 personnes ont déjà été interpellées dont 34 ont déjà été placées en garde à vue avant le début de la journée d'action. Ce sont principalement des gens venus de province, âgés d'une trentaine d'années, sur lesquels ont été retrouvés des masques, des frondes, des marteaux ou des pavés, précise l'AFP.
La police procède à des fouilles et des contrôles d'identité. Dès que quelqu'un possède un colis suspect, il est mis au panier pour participation à un groupement formé en vue de commettre des dégradations.