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Libération

Attaque meurtrière aux abords du marché de Noël de Strasbourg

Un tireur a fait au moins deux morts et onze blessés, mardi soir, dans le centre-ville. Le parquet antiterroriste s’est saisi de l’enquête.
Strasbourg, 11 décembre 2018, militaire se déployant rue Sainte Hélène suite à des coups de feu.
publié le 11 décembre 2018 à 22h36

Une fusillade a fait mardi soir au moins deux morts et onze blessés, dont certains en urgence absolue, dans le centre de Strasbourg, aux abords du marché de Noël. Les tirs ont déclenché des mouvements de panique dans la foule et la police a vidé les rues autour de la place Kléber, demandant aux passants de se réfugier dans les commerces et les restaurants du centre-ville. «On nous dit de rentrer chez nous, de ne pas rester près des barrières qui sécurisent l'entrée du marché de Noël», raconte la correspondante de Libération sur place, près du pont du Corbeau.

«Apparemment isolé». Peu après 21 heures, de nombreuses ambulances s'engouffraient vers le centre-ville, ainsi que des motards de la police nationale, une colonne de CRS armes au poing et des soldats de l'opération Sentinelle. Des snipers ont pénétré dans la zone, allongés sur les toits des camionnettes des forces de l'ordre. Citant une source à la mairie, les Dernières Nouvelles d'Alsace évoquaient un «attentat à Strasbourg». Mardi soir, la section antiterroriste du parquet de Paris a ouvert une enquête.

Plus tôt, parlant d'un «événement en cours», la préfecture de la région Grand-Est avait demandé aux habitants de rester «confinés» chez eux dans le quartier plus périphérique du Neudorf, au sud de la ville. Selon le premier adjoint de la mairie de Strasbourg, Alain Fontanel, «l e tireur du centre-ville, apparemment isolé, est recherché». La préfecture précisait peu avant 22 heures avoir identifié l'auteur des coups de feu, «fiché S» selon une source municipale, «connu en droit commun» selon le ministre de l'Intérieur. En fin de soirée, la police déclarait que des coups de feu étaient «échangés dans le quartier où était retranché l'assaillant».

Dans le centre-ville, la circulation des trams a été interrompue et les premiers témoins parlent d'une situation très tendue. «J'ai cru à des pétards et puis j'ai vu un homme étendu au sol et on nous a demandé de partir au plus vite», raconte un livreur à vélo présent lors des premiers coups de feu. Selon une employée de l'une des petites maisonnettes en bois du marché de Noël, évacuée par les forces de l'ordre, «on s'attendait à être pris pour cible, c'était toujours pas arrivé à Strasbourg».

Centre de crise. Les tirs, d'abord sporadiques puis en rafale, ont eu lieu peu avant 20 heures selon plusieurs témoins. Sur de premières vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, des personnes étaient prises en charge, protégées par des couvertures de survie. Le tireur a ouvert le feu rue des Grandes-Arcades, une voie piétonne très commerçante, en plein cœur du centre historique. Une rue également très proche des installations du marché de Noël, l'un des plus anciens et visités d'Europe, qui se déroule dans tout le centre-ville.

En raison de la menace terroriste, notamment depuis les attentats du 13 novembre 2015, ces festivités font l’objet d’une sécurisation extrêmement importante. La même année, la municipalité avait hésité à les maintenir en raison du risque. Le marché de Noël de Strasbourg avait d’ailleurs fait l’objet d’un projet d’attentat à la bombe en 2000, qui aurait visé notamment la cathédrale. Pour maintenir les festivités ces dernières années, les autorités ont mis en place des barrages filtrants. De nombreux policiers, ainsi que l’opération Sentinelle, ont été déployés. Le secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Intérieur, Laurent Nuñez, avait d’ailleurs participé à l’inauguration, le 23 novembre, avec le maire de la ville, Roland Ries. A Paris, le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, a précipitamment quitté l’Elysée mardi soir, où il se trouvait pour la réception des parlementaires de la majorité par Emmanuel Macron. Après un passage par le centre de crise de Beauvau, il s’est rendu à Strasbourg.