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Libération
Merci de l'avoir posée

Urgence absolue, pronostic vital engagé... Que veut dire le vocabulaire utilisé pour qualifier les blessés ?

Entre médias, politiques et service de secours, les termes utilisés peuvent différer quand il s’agit d’attentats ou de manifestations violentes.
A Strasbourg, après l'attentat de mardi soir. (Photo Abdesslam Mirdass. AFP)
publié le 14 décembre 2018 à 18h31
(mis à jour le 26 mars 2023 à 12h57)

Urgence, pronostic vital, blessé grave… entre médias, politiques et service de secours, le vocabulaire utilisé lors des attentats et catastrophes peut varier.

Ce vocabulaire est celui utilisé par les médecins, qui différencient blessés en urgence relative et en urgence absolue. Issue de la médecine de catastrophe et du milieu militaire, cette classification est notamment utilisée en cas d'attentats. Cela explique pourquoi depuis 2015, année de l'attaque du Bataclan, ces termes se retrouvent davantage dans la bouche des politiques et dans les médias.

«Quand il y a une masse de victimes, on est obligé de faire « du tri », de prioriser les victimes en fonction de leur risque clinique immédiat, soit de leur risque évolutif à très court terme. On ne peut pas emmener tout le monde en même temps donc on prend les plus graves d’abord», précise François Braun, président du Samu-Urgences de France (1).

Urgence absolue, urgence relative

Une personne en urgence absolue requiert des soins immédiats, par exemple à cause d’impacts de balles au niveau de l’abdomen.

L’urgence est relative quand les soins peuvent être différés, comme pour un bras fracturé.

En dehors de ces deux catégories, il y a les patients morituri, ceux pour qui, quoi qu’on fasse, sont condamnés.

«La classification peut changer dans le temps : ce n’est pas parce que vous êtes en urgence relative que vous ne pouvez pas être en urgence absolue une heure après, et inversement», ajoute François Braun. La situation est réévaluée au fil des triages réalisés à toutes les étapes du parcours de soins : sur les lieux au niveau du poste médical avancé, à l’arrivée aux urgences, au niveau de l’arrivée au bloc opératoire.

Pronostic vital engagé, blessés graves ou légers

En médecine, l'expression «pronostic vital engagé» ne fait pas partie du vocabulaire. «En général, ça se recoupe avec l'urgence absolue, ce sont plutôt des termes utilisés par les forces de police. Mais tout dépend de la situation : s'il s'agit d'une personne âgée avec une fracture, le pronostic vital peut être engagé par le simple fait de devoir faire une intervention chirurgicale», relève François Braun.

Parler de blessés graves ou légers, est-ce pertinent ? Pour le corps médical, «ça ne veut rien dire», évacue le Dr François Braun. Pompiers, secouristes ou médias emploient le terme «blessé grave» pour parler d’une personne dont le pronostic vital pourrait être engagé, contrairement à un «blessé léger», expliquait de son côté le DR Meyran, directeur du Service mobile d’urgence et de réanimation (Smur) du Bataillon des marins-pompiers de Marseille, à LCI en août.

(1) Aujourd’hui ministre de la Santé.