C'est le côté «clés en main» qui a séduit Jacky Guillot. Quand il est démarché, en septembre 2008, ce cadre de la SNCF de 63 ans n'est pas encore à la retraite et court entre Paris et Maretz (Nord), où il réside avec sa femme, Véronique. Réduire ses impôts en investissant dans une résidence de tourisme avec un prêt d'une filiale de la BNP ? «Une bonne affaire, a pensé Jacky. On a plongé d'autant plus facilement que quelques années auparavant, on avait déjà fait un placement via la loi Robien qui s'est avéré très positif.» Deux rendez-vous plus tard, l'affaire est signée. Le package comprend l'acquisition d'un appartement dans une résidence de tourisme à Lourdes et le prêt bancaire qui va avec, d'un montant de 164 000 euros. Ce n'est que fin 2010, en découvrant son premier récapitulatif de remboursement, que Jacky Guillot remarque une incohérence : le capital restant dû, indiqué en euros, est supérieur au capital emprunté au départ, alors que les remboursements ont commencé trois ans auparavant. Un premier courrier à BNP Personal Finance reste sans réponse. «J'ai décidé de creuser sur Internet, raconte Jacky. C'est là que j'ai découvert ces prêts toxiques, qui concernaient notamment les collectivités locales. J'ai compris que c'était dans ça que j'étais tombé.» La suite confirme ses craintes. Dix ans après, les Guillot doivent 246 000 euros et remboursent des mensualités de 1 226 euros. «Au départ, on culpabilise. On se dit qu'on a été bête. Mais dans l'association [de défense des emprunteurs], on rencontre des gens qui ne sont pas des idiots. Le montage est tellement bien ficelé…» Outre l'action en justice collective, l'association permet aussi de garder le moral. «Sinon, on n'en parle pas, soupire Véronique. Il y a une forme de honte… On a passé des nuits à ne pas dormir. Aujourd'hui encore, quand je passe devant une BNP, mes cheveux se dressent !» Les époux Guillot espèrent que la procédure leur permettra au moins de revenir à leur mise de départ. «C'est une question de justice. Pour les collectivités territoriales qui ont contracté des prêts toxiques, des arrangements ont été trouvés, mais pour nous, c'est "débrouille-toi"», peste Jacky.
Témoignage
Jacky Guillot, 63 ans «Au départ, On se dit qu’on a été bête…»
publié le 16 décembre 2018 à 19h46
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