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Libération
Témoignage

Jean-Bernard Frutoso, 61 ans : «J’ai tenté de joindre la banque, sans succès.»

par Stéphanie Harounyan, Correspondante à Marseille
publié le 16 décembre 2018 à 19h46

Jean-Bernard Frutoso avait plutôt l'habitude des placements financiers. «J'en avais déjà fait des tonnes avant ça, raconte ce pompier de 61 ans. Là, c'était tellement bien mené que je n'ai rien vu…» C'est par téléphone que ce pompier à Martigues (Bouches-du-Rhône) est démarché pour placer 100 000 euros dans des SCPI (sociétés civiles de placement immobilier). «Je n'avais pas cette somme, mais pour eux, ce n'était pas un problème puisqu'ils proposaient avec un crédit via une filiale de la BNP.» Lorsqu'il prend rendez-vous avec ses démarcheurs, il s'intéresse surtout à la fiabilité des placements. «L'intérêt, c'est qu'entre la rentabilité du placement et le crédit, j'arrivais à zéro euro déboursé. J'aurais pu revendre le tout avant la retraite, huit ans plus tard. Le crédit, lui, était à taux fixe, c'est tout ce que j'ai vérifié. Au détour d'une phrase, ils m'ont dit qu'il était indexé sur le franc suisse, mais je n'ai pas percuté.» Et rien ne s'est passé comme prévu. «Les trois premières années, le capital restant dû baissait normalement, raconte Jean-Bernard. Peu de temps après, le franc suisse a flambé : sur le relevé, je me suis retrouvé à 130 000 euros à rembourser au lieu d'environ 95 000. J'ai tenté de joindre la banque, sans succès.» C'est en surfant sur Internet que le pompier s'aperçoit qu'il s'est «fait avoir». Depuis, la situation s'est amplifiée. Alors qu'il a déjà payé plus de 70 000 euros, son capital dû s'élève à environ 112 250 euros. «La chance que j'ai, c'est de ne pas être au chômage, relève-t-il. Et les SCPI sont restées stables. Mais je perds 300 euros par mois, et bientôt, à la retraite, je vais perdre environ 1 700 euros de salaire, car en tant que pompier je touche beaucoup via des primes.» Avec l'action en justice, Jean-Bernard Frutoso veut juste revenir à la situation initiale et payer ce qu'il aurait dû payer, en euros. «Ces banques gagnent des millions d'euros, s'énerve-t-il. On n'est pas 50 millions de particuliers concernés, ils pourraient faire un effort ! Ça fait dix ans maintenant que ça traîne, c'est très frustrant.» L'histoire l'a vacciné, le pompier n'a plus fait de placement bancaire depuis : «Y a plus la confiance…»