Un virage à 180 degrés, et un degré de plus dans la confusion au gouvernement. En moins de deux heures, l'exécutif a annoncé puis rétabli, mardi, des mesures d'aides à la transition énergétique annoncées le 14 novembre par Edouard Philippe.
Ces promesses avaient été faites par le Premier ministre à l'approche de la première manifestation des gilets jaunes. Le chef du gouvernement, qui refusait alors d'abandonner la hausse des taxes sur le carburant, avait annoncé pusieurs «mesures d'accompagnement», parmi lesquelles l'extension du chèque énergie à deux millions de foyers supplémentaires, le relèvement du barème kilométrique et le doublement de la prime de la conversion pour les gros rouleurs. Trois mesures à 130 millions d'euros, sur un coût total de 500 millions pour l'ensemble des annonces du Premier ministre.
Mardi, Matignon a d'abord annoncé le retrait de ces dispositifs : «Le gouvernement a décidé l'annulation de toute hausse des taxes sur l'énergie en 2019 et annoncé des mesures très fortes en faveur du pouvoir d'achat. Par conséquent, puisque réponse il y a, certaines mesures d'accompagnement annoncées le 14 novembre ne seront pas intégrées» au prochain budget, justifiait l'entourage d'Edouard Philippe. Etaient conservées, en revanche, la hausse moyenne de 50 euros du chèque énergie au 1er janvier pour les 3,6 millions de bénéficiaires actuels et le doublement de la prime à la conversion pour les ménages les plus modestes.
Rapidement, toutefois, plusieurs députés de la majorité ont fait savoir leur mécontentement devant ce revirement. Dont, sur Twitter, l'élu du Maine-et-Loire Matthieu Orphelin.
Renoncer à des mesures pour accompagner la #transitionénergétique, comme la super-prime pour les gros rouleurs, est à mon sens une VRAIE ERREUR. Et inaudible et incompréhensible dans la situation actuelle. Sans parler de la forme. #PLF2019https://t.co/crTMQGbszN
— Matthieu ORPHELIN (@M_Orphelin) December 18, 2018
Les mécontents ont fini par obtenir gain de cause : «Après discussion avec les parlementaires de la majorité, le gouvernement maintient l'ensemble des mesures annoncées par le Premier ministre en novembre», a fait savoir Matignon dans la soirée. «On a vu que nous ne serions pas compris, que la décision envoyait le mauvais message», explique un proche d'Edouard Philippe, y voyant un signe que l'exécutif «apprend de ses erreurs». Certains, dans le camp présidentiel, trouveront la leçon cher payée.