Un virage à 360 degrés, et à l’arrivée une véritable confusion au sein du gouvernement qui, mardi, a d’abord annoncé l’abandon de mesures promises en novembre, à l’approche de la première manifestation des gilets jaunes, avant de finalement les maintenir face à la colère de certains députés.
Le 14 novembre, le Premier ministre, qui refusait alors d'abandonner la hausse des taxes sur le carburant, s'était toutefois engagé sur une série d'aides pour les ménages. Parmi celles-ci, l'extension du chèque énergie à deux millions de foyers supplémentaires, le relèvement du barème kilométrique et le doublement de la prime à la conversion pour les gros rouleurs. Trois mesures qui ne sont plus à l'ordre du jour, a d'abord expliqué Matignon à Libération mardi après-midi.
«Le gouvernement a annoncé l'annulation de toute hausse des taxes sur l'énergie en 2019 et annoncé des mesures très fortes en faveur du pouvoir d'achat. Par conséquent, puisque réponse il y a, certaines mesures d'accompagnement annoncées le 14 novembre ne seront pas intégrées» au prochain budget, justifiait alors Matignon. Les tarifs du gaz et de l'électricité devaient également être gelés jusqu'en juin 2019. L'abandon de ces mesures aurait fait économiser 130 millions d'euros à l'Etat, sur les 500 millions représentés par les annonces du Premier ministre. Des économies de peu de poids, rapportées aux mesures de pouvoir d'achat annoncées depuis par Macron, d'un montant de 10 milliards d'euros. Etaient conservées, en revanche, la hausse moyenne de 50 euros du chèque énergie au 1er janvier pour les 3,6 millions de bénéficiaires et le doublement de la prime à la conversion pour les ménages modestes.
Pas de quoi satisfaire nombre de députés LREM, dont Matthieu Orphelin, proche de Hulot. «Renoncer à des mesures pour accompagner la #transitionénergétique, comme la super-prime pour les gros rouleurs, est à mon sens une VRAIE ERREUR», avait-il aussitôt tweeté.
Ils ont fini par obtenir gain de cause : «Après discussion avec les parlementaires de la majorité, le gouvernement maintient l'ensemble des mesures annoncées par le Premier ministre en novembre», a fait savoir Matignon dans la soirée. Précisant que «l'accompagnement de la transition écologique» est « l'un des enjeux clefs du futur grand débat national».