Le Premier ministre a affiché lundi sa «détermination à ramener l'ordre», après plusieurs semaines de manifestations des gilets jaunes émaillées de violences, à l'issue d'une visite aux policiers pris à partie samedi à Paris (après avoir lancé plusieurs grenades sur les manifestants) en marge de l'Acte VI du mouvement. «Ce débat et le fonctionnement de nos institutions exigent un retour à la norme», et «que cessent les provocations», a ajouté devant la presse Edouard Philippe, estimant qu'«au fur et à mesure qu'il dure, ce mouvement se traduit par une radicalisation d'une grande violence».
Au cours de son allocution, Edouard Philippe a fustigé chez certains manifestants «ces déclarations parfois empreintes d'antisémitisme, ces violences, cette volonté de casser, d'attaquer délibérément les forces de l'ordre». «Je ne confonds pas ceux qui manifestent de cette façon et ceux qui, pacifiquement, expriment des revendications», a-t-il toutefois nuancé.
«Ils sont heureux de vomir sur l’histoire»
Interrogé sur France Inter ce lundi, le secrétaire d'Etat chargé du Numérique, Mounir Mahjoubi, a également dénoncé des «images ignobles», faisant référence à une vingtaine de gilets jaunes qui ont chanté «la chanson de la quenelle» de Dieudonné en marge de la manifestation à Paris. «Il faut les voir, ces mecs-là : ils sont heureux de vomir sur l'histoire, heureux de trahir notre histoire, heureux de haïr les Juifs, heureux de dire très fort qu'ils sont des antisémites heureux», a tonné le secrétaire d'Etat.
Mounir Mahjoubi a souligné lui aussi la «nécessité» de retrouver «l'ordre». «Ces manifestations à travers la France, ces blocages de ronds-points à travers la France, ils sont extrêmement dangereux. Il y a eu dix morts. Il faut qu'on trouve une issue à ce mouvement», a-t-il expliqué. «On ne pourra pas continuer plus longtemps à avoir des commerçants qui ont peur, des citoyens qui ont peur», a-t-il également ajouté.
«Un acte ignoble»
Ces déclarations poursuivent le message de fermeté que l'exécutif avait déjà affiché dimanche. En visite au Tchad, le chef de l'Etat a également répété «assumer» le recul sur la taxe carbone et les mesures décidées (dont la défiscalisation des heures supplémentaires ou l'exonération élargie de la hausse de CSG pour des retraités) comme une réponse à «la demande juste, la colère juste du peuple français». Mais, a-t-il prévenu, «des économies en matière de dépenses publiques» seront faites en contrepartie, alors que de nombreux gilets jaunes demandent une «meilleure justice fiscale».
Il a aussi assuré : «C'est maintenant l'ordre qui doit régner, le calme et la concorde. Notre pays a besoin de ça […] Il faut apaiser les divisions», avait estimé plus tôt le Président. Le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, a aussi tenu à souligner «un acte ignoble» après des insultes antisémites présumées proférées par des gilets jaunes contre une vieille dame dans le métro parisien, assurant que les auteurs sont poursuivis. Une enquête a été ouverte.
Je n'ai pas l'habitude de parler de ma vie personnelle sur Twitter. Mais j'ai été tellement choqué par ce que j'ai vu, ce soir, dans la ligne 4 du métro, que je ressens le besoin d'en parler ici. Je vais donc vous expliquer pourquoi, ce samedi 22 décembre, j'ai eu honte. [Thread]
— Thibaut Chevillard (@TiboChevillard) December 22, 2018
De leurs côtés, de nombreux gilets jaunes dénoncent ces débordements, appelant à éviter «l'amalgame» avec leur mouvement contre la hausse des taxes et la baisse du pouvoir d'achat. A deux jours de Noël, une période de répit semblait se dessiner pour l'exécutif, même si des gilets jaunes promettent que des actions repartiront de plus belle en janvier.