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A Winamax, «faisceau de suspicions» et suspensions

Pointant les «résultats hors norme» de deux de leurs adversaires sur le site de poker en ligne, 24 joueurs ont porté plainte contre X.
publié le 26 décembre 2018 à 19h26

Jeudi dernier, 24 joueurs de poker ont porté plainte contre X pour «escroquerie» et «accès et maintien frauduleux dans un système de traitement automatisé de données» auprès du parquet de Paris. Ils estiment s'être fait berner par deux challengers connus sous les pseudos Twopandas et VictoriaMo sur la plateforme de poker en ligne Winamax.

Dans la plainte, consultée par Libération, les joueurs pointent «des résultats de jeux hors norme, largement supérieurs à ceux obtenus par les meilleurs joueurs du monde, permettant de penser que ces joueurs étaient assistés de logiciels interdits». Les plaignants font valoir un préjudice de 800 000 euros. «Winamax ne m'a toujours pas démontré qu'il n'y avait pas de fraude», déclare Justine Orier, l'avocate des 24 plaignants, parmi lesquels une dizaine de joueurs professionnels.

C’est Maxime Lemaitre qui a allumé la mèche au printemps. A plusieurs reprises, il affronte Twopandas et VictoriaMo. Selon lui, ces joueurs se distinguent par un jeu proche de la perfection et similaire quel que soit leur adversaire. Intrigué autant qu’agacé, il décide d’investiguer et conclut, début juin, que leurs résultats sont trop parfaits pour être intègres.

Alerté, Winamax diligente une enquête interne. La plateforme demande d'abord aux participants incriminés de se filmer en jouant et de faire parvenir les images. Puis elle les suspend de façon préventive, avant de les convier dans ses locaux parisiens pour observer leur jeu, avec «un niveau de contrôle sans précédent», avait fait valoir Winamax à Libération en septembre. Twopandas ne s'étant pas déplacé, son compte est suspendu et ses fonds répartis entre plusieurs joueurs s'estimant lésés. VictoriaMo, lui, honore l'invitation, mais malgré l'obtention de «résultats conformes», il n'est pas réhabilité en raison du «faisceau de suspicions» autour de lui.

En octobre, la plateforme a été mise en demeure afin de se joindre à l'action en justice. Mais Winamax a décliné. Dans leur justification, consultée par Libération, les avocats de la société estiment que la fraude n'est pas démontrée et que «les investigations menées par Winamax […] conduisent à penser qu'il n'y en a pas eu». La plateforme explique aussi les suspensions et indemnisations comme étant des «démarches d'apaisement» et non une «reconnaissance de la fraude». Contacté après le dépôt de plainte, Winamax n'a pas souhaité réagir.