Parmi les pièces délicates à aérer dans un appartement, la salle de bains et les toilettes occupent une place de choix. La première se transforme en hammam dès la première douche. Quant à la seconde, nul besoin d’expliquer… Pourquoi ces phénomènes ? Parce que ces pièces n’ont pas de fenêtre. Elles sont équipées d’une ventilation mécanique contrôlée, une VMC comme on dit dans la construction. Pas toujours bien utilisée ni bien entretenue ou bien réglée, la VMC est une incompréhensible boîte noire pour l’habitant.
Pour les architectes pas trop créatifs, elle est une chance. Arrivée en France au début des années 70, cette invention leur a permis, ô miracle, de placer les pièces humides au milieu du plan, là où aucune fenêtre n’est possible. Voilà qui simplifie le dessin. Dans n’importe quel trois-pièces datant des trente dernières années, on trouve cette configuration. Grâce à la VMC, les immeubles peuvent être plus larges (donc avoir davantage de mètres carrés à vendre), sans cour intérieure (qui consomment des mètres carrés) et avec moins de fenêtres (qui coûtent cher).
Long travail de conviction
Dans le temps, pour ventiler une habitation, les hygiénistes ouvraient les fenêtres et les autres se contentaient des innombrables fuites d'air de la construction ancienne. Aujourd'hui, tandis que l'isolation thermique des bâtiments tend à en faire des boîtes de plus en plus étanches, la VMC conquiert de nouvelles parts de marché. Elle est «hygroréglable» pour s'adapter au taux d'humidité, à simple ou à double flux, éventuellement en version thermodynamique. Bref, une vraie machine qui promet de renouveler l'air intérieur.
La fenêtre ouverte, elle aussi, renouvelle l'atmosphère. Même dans une architecture «passive», sur-isolée, même dans les immeubles de bureau. Pourtant, les fenêtres bloquées ou absentes sont la règle et punissent les habitants. Convaincre un promoteur ou un bailleur social qu'on puisse se passer de la VMC implique un long travail de conviction. «Dès 2002, nous avons construit à Saint-Nazaire des logements collectifs, en accession sociale et en HLM, sans ventilation mécanique», explique l'architecte Philippe Madec. Militant de la «ventilation naturelle assistée contrôlée», il travaille les circulations de l'air avec parfois, des cheminées d'aération sur les toitures. Mais surtout avec des fenêtres, même dans les salles de bains. Et même dans les toilettes.