Toujours PDG de Renault, Carlos Ghosn entame sa sixième semaine de détention préventive au Japon et pourrait rester incarcéré jusqu'au 1er janvier dans le cadre des investigations du parquet de Tokyo sur ses agissements passés à la tête du groupe Nissan. La justice le soupçonne d'avoir dissimulé la moitié de son salaire de PDG de Nissan aux autorités boursières pendant cinq ans (soit 38 millions d'euros), et «d'abus de biens sociaux».
Ghosn continue, lui, à nier et entend «faire entendre sa voix et laver son honneur». Mais l'enquête pourrait bientôt prendre la direction de l'Europe. Au cœur des interrogations, Renault Nissan BV, une société holding installée à Amsterdam qui chapeaute l'alliance des deux constructeurs. A priori, une organisation classique pour les groupes internationaux soucieux d'optimiser leur situation fiscale.
A ceci près que dans le cas de Renault Nissan, ladite holding est suspectée de jouer, entre autres, le rôle de tirelire destinée à verser des rémunérations complémentaires aux plus haut gradés de Renault et Nissan. Le tout avec une opacité qui commence à agacer les syndicats. A commencer par la CGT : «Depuis 2012, nous n'avons pas d'informations sur ce qui se décide au sein de RNBV. Pourtant, les administrateurs salariés de Renault ont interpellé la direction», déplore le délégué central Fabien Gâche. Et de rappeler que le rapport annuel d'activité de la firme stipule que «les décisions et recommandations sont soumises aux organes de direction et d'administration de Renault qui s'assurent de leur conformité à l'intérêt social de Renault».
Pour autant, impossible pour les représentants des salariés au conseil d’administration de connaître le montant des rémunérations perçues par des cadres dirigeants de Renault… Ils sont quatre à émarger sur les comptes de Renault Nissan BV à Amsterdam, tout en étant également dirigeants de Renault dont l’actuel numéro 1 par intérim Thierry Bolloré. En revanche, Ghosn n’y percevrait pas de rémunération. Un mail figurant dans l’enquête interne menée par Nissan en donne l’explication : la direction de Renault y indique que ce type de versement entraînerait la publication de toutes les sommes versées. Ghosn aurait préféré renoncer.