Marseille, deuxième ville de France et capitale des taudis. Il a fallu l’effondrement de deux immeubles en plein centre-ville et la mort de huit personnes sous les gravats, comme au Bangladesh, pour que la situation calamiteuse de l’habitat apparaisse au grand jour. Accroché depuis près d’un quart de siècle à son siège de maire, Jean-Claude Gaudin affiche un triste bilan : 13 % des logements de sa ville sont indignes, à risque, et constituent donc un danger pour la santé ou la sécurité des 100 000 habitants qui y vivent.
Le drame de la rue d’Aubagne a également révélé qu’une économie très prospère du taudis s’est développée. Les 40 000 logements insalubres ou en péril que compte la ville rapportent très probablement à leurs propriétaires entre 150 et 190 millions d’euros par an. Et les marchands de sommeil ne sont pas les seuls bénéficiaires de cette manne. De nombreux bâtiments d’habitation indignes appartiennent à la petite bourgeoisie locale. Habités par des ménages pauvres, qui n’ont pas d’autres solutions pour se loger, ils sont loués à des prix supérieurs au marché locatif, l’APL (versée par les CAF) étant intégrée au loyer par ces bailleurs peu scrupuleux.