C'était un mardi. Désormais, les Strasbourgeois disent «l'attentat du 11 décembre». Le soir même, ils disaient «cela devait arriver un jour». Trois ans qu'ils craignaient une attaque, qu'ils ouvraient sacs et manteaux aux barrages filtrants mis en place depuis le Bataclan.
Dans les rues pittoresques, décorées pour le marché de Noël, Chérif Chekatt a poignardé et tiré sur des passants, touristes attirés par un vin chaud, jeunes Européens venus pour la plénière au Parlement. Il y a eu les détonations, la panique, le vide. Strasbourg s’est terré. Cette nuit-là, la première, c’était la nuit du confinement. Une ville déserte. C’était la nuit des sirènes hurlantes, des ambulances, des colonnes de CRS qui s’engouffrent arme au poing sous l’arche «Strasbourg capitale de Noël». Puis il y aura les jours froids, les jours silencieux. Les maisonnettes en bois qui gardent leur volet abaissé, la ville surveillée, les écoles fermées. Et la nuit, le bruit incessant des hélicos. Après deux jours de traque, le tueur est abattu par les forces de l’ordre. Le grand sapin est rallumé. A ses pieds, les bougies et les fleurs.