L’Assemblée nationale ne s’y est pas trompée. Elle a salué d’une ovation debout, le 2 octobre, le départ de Manuel Valls vers une candidature à la mairie de Barcelone. Et ce n’était pas simplement le signe d’un «bon débarras» ou d’un «au revoir, et n’y reviens pas» dont il s’agissait. C’est le courage un rien suicidaire du Premier ministre de François Hollande et le goût de l’aventure de celui qui fut député-maire PS d’Evry (Essonne) qui était admiré.
A Matignon, Valls a fait front à l’heure des attentats. Mais il a souffert face aux frondeurs qui goûtaient peu son tropisme sécuritaire et son libéralisme économique. Réprouvé par le PS, il a rejoint Macron, qui a pris son ralliement avec des pincettes, le sadisant un brin.
Né à Barcelone, fils d’un peintre catalan, naturalisé français à 20 ans, le quinqua largue les amarres pour retourner à son port d’attache, où il n’est pas spécialement le bienvenu. Aidé par sa nouvelle et riche compagne et soutenu par l’écrivain Mario Vargas Llosa, cet anti-indépendantiste se lance dans un défi compliqué. S’il réussissait, il serait l’un des premiers binationaux, après Daniel Cohn-Bendit, à occuper un poste d’envergure dans deux pays différents.