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Libération

«Considérer qu’une femme est responsable, même partiellement, des violences qu’elle subit va à l’encontre de tout le travail que nous menons.»

Marlène Schiappa Secrétaire d'Etat, à propos d'une femme considérée en partie responsable d'avoir été défenestrée par son compagnon.
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publié le 3 janvier 2019 à 20h56

Paraplégique après avoir été défenestrée par son compagnon, une femme du Mans n'a pas eu droit à une indemnisation totale, au motif qu'elle est en partie responsable de ce qui lui est arrivé : décision jugée jeudi «incompréhensible» par Marlène Schiappa. L'affaire remonte au 24 août 2013 : des policiers intervenus dans l'appartement d'Aïda (le prénom a été changé) et de son compagnon - qui avait agressé un ami - conseillent à la jeune femme, âgée de 25 ans, de ne pas dormir chez elle. Selon ses avocats, Aïda envisage de se rendre dans sa famille à Alençon, mais il est trop tard pour prendre le train. Elle appelle le 115 et envoie des textos à des amis, en vain, puis revient chez elle. Son compagnon s'en prend à elle. Alertée par des voisins, la police la découvre au pied de l'immeuble : l'homme vient de la jeter du deuxième étage. Il est condamné à quinze ans de prison. Dans son arrêt civil de juin 2016, la cour d'assises fixe la provision pour l'indemnisation de la victime à 90 000 euros. Ses avocats Me Jarry et Me Dodin saisissent alors la Commission d'indemnisation des victimes d'infractions (Civi) pour que l'Etat, via le Fonds de garantie des victimes (FGTI), verse cette provision pour financer les conséquences du handicap. Mais le Fonds propose une indemnisation partielle, estimant «qu'il y a partage de responsabilités et que notre cliente a commis une faute civile en retournant à son domicile», commente Me Jarry. Les avocats saisissent la Civi. Le 13 février, elle retient également le partage de responsabilités et propose de verser 67 500 euros. Les avocats ont fait appel et une audience se tiendra fin mai.