«Je pense qu’il y a une détresse de toute une partie de la population, abandonnée par les politiques et que les médias ne voyaient plus, ou peu. Mais il y a aussi dans ce mouvement une décharge émotionnelle et idéologique assez inquiétante. Les gilets jaunes constituent un mouvement difficile à cerner, et les médias n’aiment pas l’inconnu. Personne ne sait ce que va devenir ce mouvement, ce qui lui donne aussi tout son intérêt. Il est si composite qu’on y trouve le meilleur comme le pire et, à la décharge des journalistes, le sujet est difficile à couvrir. Quand on note des relents fascisants, on met de côté les révoltes légitimes de gens qui éprouvent une vraie injustice et qui, pour cette raison, se lèvent. Et inversement. Il est difficile de tout énoncer en même temps. Or, tous ces aspects sont vrais. Quant à la perte de confiance dans les journalistes, elle est ancienne et profonde.»
Géraldine Muhlmann est professeure de sciences politiques à Paris-II.