Attention à l’eau qui dort… Pour la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, l’année 2019 est incertaine. Passé les premiers mois où elle a su réconcilier les professionnels de santé avec les pouvoirs publics, 2018 aura été celle d’une attente déçue. Le diagnostic a été posé, mais rien ne se concrétise. Revue de trois dossiers en suspens.
Médecin, tu n’exerceras plus seul
En dévoilant la réforme du système de santé en septembre, Emmanuel Macron avait eu des mots forts : «L'exercice isolé de la médecine doit devenir progressivement marginal, puis une aberration et disparaître à l'horizon de janvier 2022.» L'enjeu : organiser la médecine de ville, en finir avec un libéralisme qui a produit déserts médicaux et permanences de soins inexistantes. La solution : dans chaque territoire devra exister une communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) regroupant les personnels de santé. L'exécutif a choisi une politique non contraignante pour y parvenir. Et a déjà annoncé la création de 4 000 assistants médicaux pour aider les généralistes. Les missions des CPTS : faire en sorte qu'un médecin traitant soit accessible partout, mais aussi «une organisation pour les soins non programmés» avec, entre autres, un numéro d'appel unique. Et organiser les relations entre la ville et l'hôpital, avec des objectifs de prévention. «Les négociations avec l'assurance maladie vont débuter le 16 janvier, nous a précisé le Dr Jacques Battistoni, président de MG France, le plus important syndicat de généralistes. On a évoqué autour de 1 000 communautés, avec un suivi de population de 60 000 habitants. Nous sommes tous d'accord sur le principe. Reste les moyens et l'organisation.» Les discussions vont se faire sous la houlette de Nicolas Revel, le directeur de l'assurance maladie, avec 35 organisations syndicales. Ce ne sera pas simple à gérer.
Hôpital de proximité, tu renaîtras
De fait, des hôpitaux de proximité, il en existe déjà, mais ils vivotent. Dans le projet du gouvernement, ils devront assurer les missions suivantes : activités de médecine polyvalente, soins aux personnes âgées, soins de suite et de réadaptation, suivi des maladies chroniques les plus fréquentes. Et consultations avancées de spécialités médicales et chirurgicales avec l’appui d’établissements voisins. Le gouvernement se fixe l’objectif de 500 à 600 hôpitaux de proximité d’ici à 2022. Mais pour cela, il faut passer par la loi, prévue pour cette année. Reste que l’hospitalisation est une chaîne. Si les pouvoirs publics se lancent sur la consolidation de ces lieux de proximité, cela veut dire qu’un nombre élevé d’hôpitaux généraux - plus de 500 en France - vont devenir des hôpitaux de proximité. Et vont devoir baisser la voilure. Autant de changements délicats à opérer dans un secteur qui n’est pas une priorité budgétaire du gouvernement.
Homéopathie, remboursée tu seras ?
Annoncé pour janvier, l’avis de la Haute Autorité de santé (HAS) a été repoussé au printemps. Un dossier à potentiel polémique : si l’homéopathie n’a rien de très scientifique, elle peut agir comme placebo, ce qui n’est pas rien.