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Libération
Éditorial

Issue

publié le 9 janvier 2019 à 20h56

Débattre plutôt que boxer la police, ou recevoir des grenades lacrymogènes : pourquoi écarter d’avance cette sortie politique du mouvement des gilets jaunes ? En démocratie, les mots valent mieux que les coups. Les docteurs Tant Pis qui annoncent l’échec automatique n’ont pas toujours raison. Une discussion large, ouverte, franche, vaut mieux qu’une émeute minoritaire. Au moins peut-on tenter de trouver une issue. A condition, bien sûr, que le gouvernement ne conçoive pas ce happening national comme une simple diversion destinée à noyer le poisson. Quelles conditions ? Une liberté dans les sujets et les propos ; une collation honnête des doléances exprimées ; des comptes rendus co-contrôlés par les débatteurs et les organisateurs ; et surtout, avant tout, l’assurance solennelle que l’exécutif tiendra compte des exigences formulées, qu’il est prêt non à jeter aux orties les orientations qu’il a présentées pendant la campagne, mais, à tout le moins, à les amender, à infléchir sa politique dans un sens social, à faire droit à l’amélioration du sort des plus démunis, à réformer le fonctionnement des institutions pour progresser vers une meilleure représentativité. Par exemple en acceptant un assouplissement du référendum d’initiative partagée, actuellement prévu par la loi, mais aux conditions tellement draconiennes qu’il est en fait inutilisable. Aller plus loin ? Dissoudre l’Assemblée, comme le demandent le Rassemblement national et La France insoumise ? Mais au nom de quoi un mouvement certes légitime mais minoritaire pourrait-il exiger soudain qu’on aille aux urnes ? Cela s’est fait une fois sous la pression de la rue : c’était en Mai 68, après une grève générale d’un mois. Nous n’en sommes pas là. Et rappelons que ces élections se sont traduites par une victoire écrasante du parti au pouvoir.